François-Xavier Bieuville aura à peine eu le temps de prendre ses marques avant d’être plongé dans la réalité mahoraise. Installé à la tête de la préfecture de l’île aux parfums le 27 février, il assistait ce lundi à la première opération « décasage » de l’année à Mayotte. Un total de 137 cases en tôles auront été détruites ce lundi dans les hauteurs de Hamouro (commune de Bandrélé). L’opération, prévue à la fin du mois de janvier, avait été reportée en raison des barrages qui paralysaient les routes à cette époque.
Entre 200 et 220 personnes, dont 55 familles, logeaient illégalement dans ce secteur, selon une enquête sociale réalisée par Association Point Infos Familles Aides aux Victimes (ACFAV). Elles ont, dans leur grande majorité, quitté les lieux avant le début de l’opération. Selon le préfet de Mayotte, seules 18 familles, en situation régulière, pourront bénéficier d’une solution de relogement.
Toutefois, malgré la mise en place d’une permanence sociale tenue par trois associations vendredi, une seule famille a souhaité bénéficier d’un relogement. Interrogées, certaines familles expliquent préférer se reloger de leurs propres chefs car les hébergements proposés sont trop éloignés du lieu de scolarisation des enfants.
Insécurité et insalubrité
Il faut dire que l’arrivée des engins de chantier était tout sauf une surprise pour les occupants de ce quartier spontané. Dans un arrêté publié le 12 mai 2023, les services de l’Etat donnaient un mois et huit jours aux habitants pour quitter les lieux, compte-tenu de l’insalubrité du site et de l’ « insécurité publique sur ce secteur ». Des rixes entre les jeunes des villages de Hamouro et ceux de Nyambadao sont fréquentes et dérivent souvent en véritables affrontements pendant la nuit.
« Fréquemment, et en marge des rixes inter-villages, des jets de projectiles à l’encontre des automobilistes et/ou des forces de l’ordre sont constatés, comme des faits de vols avec violence et armes blanches, alors que cette zone, qui constitue le point de départ conduisant au Mont Benara, est régulièrement empruntée par des randonneurs qui s’exposent à des agressions », constatait la préfecture de Mayotte dans cet arrêté.
Selon le préfet François Xavier-Bieuville, il s’agit de la première opération d’une « longue série » en 2024. Sans compter Wuambushu 2, neuf opérations de ce type devraient être réalisées cette année.