« 400 000 litres d’eau ont été distribués, dès ce lundi, à travers les vingt-six points prévus à cet effet », annonçait ce mardi, Gilles Cantal, le préfet de l’eau. Depuis lundi 20 novembre, le territoire organise une distribution de bouteilles d’eau généralisée à toute la population.
Mais l’île – qui ne capte qu’une partie de ses déchets et vit au milieu des décharges sauvages – peine déjà à gérer la pollution plastique. Pour tenter de limiter sa prolifération, l’éco-organisme Citeo, gestionnaire des déchets sur l’île, a mis en place un nouveau système de collecte. L’idée : inciter les habitants à ramener leurs bouteilles vides pour en récupérer de nouvelles. Puis envoyer ces déchets plastiques en métropole, pour assurer leur recyclage. Car aucune filière n’existe sur place.
« Une véritable crise des déchets »
Toutefois, une partie de ces déchets se retrouvent inévitablement dans la nature. « On constate déjà une nette augmentation des bouteilles plastiques dans les rivières et les mangroves », assure Galiane Lavisse, responsable ingénierie chez Nayma, une association qui emploie des personnes en insertion pour assurer le nettoyage des plages et des cours d’eau de l’île. Car avant de généraliser la distribution, deux litres par jour étaient déjà distribués aux personnes considérées comme les plus vulnérables. Soit 60 000 habitants au total. Sans compter l’explosion de la consommation de bouteilles depuis le début de la crise de l’eau.
D’autant que la prolifération des déchets n’est pas récente. Mayotte fait face à une véritable « crise des déchets », selon Galiane Lavisse, responsable ingénierie de l’association Nayma. Certains quartiers informels échappent au circuit de collecte et Mayotte est sous un régime dérogatoire pour la gestion des déchets. Ce ne sont pas les collectivités, mais l’éco-organisme Citeo qui gère en direct et sous-traite la collecte à différents acteurs. « Parfois, les poubelles débordent et il faut un mois avant que quelqu’un vienne les vider », indique un habitant.
Seulement 2 % de déchets triés
Concernant le tri des déchets recyclables, le constat est tout aussi alarmant. Seulement 2 % se retrouvent in fine dans les bornes de tri. Contre 66 % en métropole, selon le ministère de l’écologie. Selon Citeo, ces déchets sont ensuite envoyés « dans l’hexagone », pour être recyclés.
Le territoire manque également d’infrastructures. L’île ne compte, par exemple, qu’une seule déchèterie. Et les habitants, habitués à l’origine, à brûler leurs déchets pour s’en débarrasser, auraient assez peu changer leurs habitudes. Sans compter que 77 % des habitants vivent sous le seuil de pauvreté. Et qu’avant de gérer ses déchets, la priorité est donné au fait de s’alimenter.