Mère de 4 enfants dans un bidonville, une vie de galères 

par | 6 Nov 2023 | Ressources, Société

Pour Djabirati, privée d’eau courante dans son banga, les restrictions d’eau ont peu d’impact sur le quotidien. Mais, autour d’elle, les maladies se multiplient. Et impossible désormais de laver son linge dans la rivière, complètement sèche. 


Comme chaque jour, Djabirati patiente devant le seul robinet du quartier informel de Kahani, qui permet d’alimenter en eau tout son village. « Nous sommes plusieurs centaines ici », confie la mère de 6 enfants, dont les deux grands sont partis étudier en métropole. Alors les bouchons ne sont pas rares. « Parfois, nous sommes cinquante à attendre de remplir nos bidons », souffle la femme de 39 ans, originaire d’Anjouan, arrivée à Mayotte en 1998. Mais la mère de famille estime avoir de la chance. Si elle est privée d’eau courante dans son banga, elle peut compter sur cette borne fontaine monétique, fonctionnant grâce à une carte rechargeable, qui ne connaît pas les coupures d’eau. Car à Mayotte, la grande majorité des habitants est privée d’eau courante deux jours sur trois pour préserver la ressource, qui connaît des niveaux historiquement bas

 

Des habitants victimes de maux de ventre 

Pour autant, la mère de famille est inquiète. Car les non conformités dans les analyses d’eau se multiplient. Et, dans le village, nombre d’habitants sont victimes de maux de ventre ou de toux. « Mon garçon de 15 ans est tombé malade la semaine dernière. Il a eu la diarrhée pendant plus de 48 heures. Et ma petite fille de 2 ans tousse tout le temps. Elle a le nez qui coule, je ne sais pas quoi faire », raconte Djabirati, qui confie – malgré les préconisations de l’agence régionale de santé – ne pas avoir « toujours le temps de faire bouillir l’eau. » Quant aux packs de six bouteilles ? Impossible pour la famille d’en faire l’acquisition. Même si Djabirati fait le ménage, du lundi au vendredi, au sein du lycée de Kahani, les bouteilles en plastique « coûtent trop cher. » Sur l’île, il faut compter entre 5 et 11 € pour un pack, contre 1,20 € en moyenne en métropole. 

 

Une rivière complètement sèche 

Pour le linge aussi, la crise de l’eau oblige à changer ses habitudes. « La rivière où on fait la lessive est complètement sèche, soupire Djabirati. On galère, on est dans la poussière et on ne peut pas laver les vêtements. » D’autant que ce n’est pas la seule menace à laquelle est confrontée sa famille. En septembre, la femme de 39 ans a vu arriver gendarmes et services sociaux dans les rues de son quartier. Sur chaque case en tôle, un numéro a été tagué, signe d’une future démolition pour les habitants. « On ne sait pas où on va aller », s’inquiète Djabirati, qui a déjà été expulsée de son précédent quartier, situé à quelques kilomètres, en 2013. « On va chercher ailleurs », se résigne-t-elle.


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