La Cimade, qui œuvre pour la défense des droits et la dignité des réfugiés, des demandeurs d’asile, des migrants et de toute personne en situation de vulnérabilité, a publié un rapport le 7 février dernier, récriant les politiques d’Evasan depuis Mayotte.
Depuis leur mise en place dans les années 1990, encadrées par le décret du 3 septembre 2004, les Évasan ont vu leur nombre s’accroître significativement, avec quasiment 1500 évacuations depuis Mayotte en 2022 – dont 51% concernent des étrangers et environ un tiers des enfants. Majoritairement orientées vers La Réunion, ces évacuations reflètent non seulement les limites du système de santé mahorais, mais aussi une pression migratoire croissante depuis les Comores.
Ce qui ressort de ce rapport, c’est une frustration palpable de tous les bénéficiaires, qu’ils soient étrangers en situation irrégulière ou malades assurés sociaux, face à un accès contraint et parfois refusé aux soins hors de Mayotte. Les témoignages recueillis par la Cimade dépeignent des situations de discrimination, de manque de communication et de peur de ne pas pouvoir continuer les traitements nécessaires.
Au-delà de ces difficultés, le rapport critique également la stigmatisation et les obstacles à l’accès aux soins et aux droits pour ceux qui, après une Évasan, restent à La Réunion. Pour remédier à ces maux, la Cimade propose plusieurs recommandations, dont la fin des restrictions à la mobilité des personnes évacuées et l’assurance d’une continuité des soins.
Malgré les critiques, les Évasan restent une ressource vitale pour de nombreux malades, représentant un effort significatif pour garantir l’accès aux soins à ceux qui ne peuvent être traités localement. Elles sont le symbole d’un engagement public à offrir des soins à ceux qui sont hors de portée des services locaux, grâce notamment à la mise en place de moyens logistiques spécifiques. Le rapport suggère d’améliorer la communication sur le fonctionnement des Évasan et de renforcer les capacités du système de santé à Mayotte et aux Comores, pour réduire les tensions et répondre plus efficacement aux besoins des patients.
L’enjeu est de taille, non seulement pour les individus directement concernés, mais aussi pour les systèmes de santé de la région, qui doivent trouver un équilibre entre accueil et efficacité, dans un contexte marqué par des réalités migratoires et sanitaires complexes.
Source : Mayotte Hebdo