A Mayotte, élus et manifestants attendent toujours une réponse de l’État

par | 9 Fév 2024 | Insécurité, Politique, Ressources

Ce mercredi 7 février, l’association des maires de Mayotte a adressé un courrier au président de la République. Interpellé à l’Assemblée Nationale sur la question de la crise sociale, le premier ministre Gabriel Attal a reconnu l’urgence de la situation. Pour autant, le territoire reste en attente de réponse concrète.


« Notre département est de plus en plus fragilisé par la détérioration de la situation migratoire, sécuritaire et sanitaire depuis déjà quelques mois », alertent les élus locaux de Mayotte dans un courrier adressé au président de la République, ce mercredi 7 février.

Pour protester contre cette situation, des barrages routiers paralysent l’île depuis le 22 janvier. Les manifestants demandent notamment qu’un médiateur soit nommé par le gouvernement pour sortir de la crise. Pour autant, la réponse de l’État se fait toujours attendre.

« Les Mahorais refusent que Mayotte devienne le Lampedusa de l’océan indien »



Ce mercredi, Olivier Marleix, président du groupe LR, a interpellé le premier ministre Gabriel Attal à l’assemblée nationale. « La cause de cette grave crise est l’explosion de l’insécurité et l’amplification de l’immigration clandestine mais aussi l’absence de réponse aux alertes des élus de Mayotte, dont la demande de réunion d’urgence avec le gouvernement est restée sans suite. Quand votre gouvernement prendra-t-il des mesures à la hauteur ? », a questionné Olivier Marleix. « Les Mahorais refusent que Mayotte devienne le Lampedusa de l’océan indien. Et que des quartiers soient placés sous le joug de gangs criminels qui s’en prennent aux familles, aux travailleurs, aux enfants », a-t-il poursuivi.

Le Premier Ministre, Gabriel Attal a reconnu que la situation était « insupportable. » « La première priorité est de rétablir l’ordre public et de permettre la reprise des activités. » Au micro de l’Assemblée nationale, il a précisé que 200 personnes hébergées au sein du campement de fortune, à Cavani, avaient été évacués. L’installation de ces réfugiés, originaires d’Afrique des Grands Lacs, a cristallisé les tensions ces dernières semaines. « C’est la goutte d’eau qui a fait déborder le vase », estiment les élus de Mayotte. Pour apaiser le conflit, le premier ministre assure « demander une accélération des opérations de démantèlement du stade de Cavani » et que l’évacuation du camp « sera mené à son terme. »

« Un échéancier clair pour l’examen du projet de Loi Mayotte »

Concernant le projet de Loi Mayotte, il précise que « le gouvernement le présentera après en avoir débattu et avoir travaillé avec les élus locaux. » « Je souhaite que ce travail puisse se tenir dans les toutes prochaines semaines », a-t-il indiqué, sans préciser de calendrier.

Une réponse trop vague pour Olivier Marleix. « Cela fait au moins 7 ans que Mansour Kamardine vous alerte. Les résultats ne sont pas là. Il faut mobiliser des moyens de la marine nationale pour enfin défendre Mayotte », a-t-il réagi. Selon le député de Mayotte Mansour Kamardine « le premier ministre continue à nous payer de mots, plutôt que de répondre à l’urgence de la situation par l’action. Je lui demande de nouveau, de mobiliser le gouvernement et les moyens de l’État pour empêcher qu’un département français bascule dans le chaos. »

Dans leur courrier adressé au président de la République, les élus locaux rappellent, de leur côté, que depuis le 22 janvier, « la scolarité de nos enfants est gravement perturbée, nos administrations publiques sont en partie paralysée, les personnes vulnérables sont encore plus fragilisées, notre économie risque de s’effondrer et beaucoup d’entreprises risquent la faillite. » Comme les « forces vives de Mayotte », à l’initiative des blocages, les élus demandent qu’un « médiateur soit dépêché et un échéancier clair quant à l’examen du projet de Loi Mayotte. »  

 


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