L’affaire dévoile un réseau de candidats réunionnais venant non pas pour leur propre examen au CDG de La Réunion, mais se délocalisant jusqu’à Mayotte. Un acte répété sur une période de trois ans, mettant en lumière des failles dans la gestion du CDG révèle Le Journal de Mayotte.
Au centre de ce tourbillon judiciaire, Djamali Assani, employé du CDG de Mayotte. C’est lui qui orchestrait les examens, du choix des sujets aux copies corrigées. Il a notamment été impliqué dans le maquillage des notes de Léonus Thémot, qui a obtenu par la suite la présidence du CDG de La Réunion. Le 15/20 affiché était en réalité un pâle 3/20, rehaussé de manière maladroite. Assani a avoué avoir agi à la demande d’une cadre supérieure, identifiée seulement par ses initiales J.R.
En 2018, une autre affaire éclate. Cette fois-ci, c’est le corrigé de l’examen qui est subtilisé, toujours sous la houlette d’Assani, au profit d’un autre réunionnais, Dominique Mardaye. Les documents ont été acheminés depuis La Réunion par Jean-René Mescenes, qui, selon son avocat, ignorait la nature de ce qu’il transportait.
Le spectacle n’était pas seulement dans le box des accusés, mais également du côté de la barre. Me Philippe Creissen, avocat réunionnais, a mis en cause la crédibilité du procureur Yann Le Bris, allant jusqu’à l’accuser de falsification de signature. Une accusation que le magistrat n’a pas pris à la légère, évoquant la possibilité d’une plainte contre l’avocat.
Le tribunal a été également le théâtre de querelles entre avocats. Me Saidali, représentant le Centre de Gestion de Mayotte, s’est emporté contre son confrère réunionnais, l’accusant de « polluer les débats« . Dans sa plaidoirie, il a réclamé 200 000 euros pour le préjudice subi par son institution, sérieusement discréditée par cette affaire.
Le procureur a réclamé une amende de 9 000 euros pour chaque prévenu et deux ans de prison, dont un avec sursis, assortis d’une interdiction d’exercer dans une collectivité pendant trois ans. Le verdict est attendu pour le 14 novembre 2023.