Des ambitions revues à la baisse ? C’est la question qui se pose Mayotte la 1ère alors que des obstacles se dressent déjà devant les objectifs affichés. Cette opération a pour triple but l’expulsion en grand nombre des étrangers en situation irrégulière, la destruction des bidonvilles, et le démantèlement des bandes violentes.
Concernant l’expulsion en masse des étrangers en situation irrégulière, il est impossible de la réaliser sans l’accord des Comores. Les chiffres d’expulsions annoncés ont varié de 20 000 en deux mois à 10 000, mais le ministre de l’intérieur n’a pas avancé lui-même d’objectif chiffré. Tout dépendra donc des décisions du gouvernement comorien, qui s’il persiste dans son refus de permettre les refoulements, empêchera toute reconduite à la frontière.
Quant à la destruction des bidonvilles, elle reste limitée car elle est encadrée par des décisions de justice motivées après des enquêtes sociales. Des associations et des avocats veilleront également à ce que les règles soient respectées et que des solutions de relogement soient offertes aux ayants droits. Si 817 foyers sont assurés d’être relogés, la destruction des 1000 logements insalubres ne représente qu’une goutte d’eau dans l’océan des habitations précaires à Mayotte.
Enfin, la sécurisation avance bien, mais la prison est trop petite pour accueillir les délinquants arrêtés. L’opération mobilise 1 800 gendarmes et policiers, dont la nouvelle unité CRS 8 spécialisée dans le rétablissement de l’ordre. Si l’efficacité de la réponse policière se démontre déjà avec de nombreuses arrestations, la capacité de traitement par la justice renforcée de quelques magistrats, ainsi que la capacité d’accueil de la prison, saturée à 210%, restent des problèmes cruciaux.
L’opération Wuambushu se heurte à des obstacles majeurs dans la réalisation de ses objectifs ambitieux. Si des moyens importants sont déployés, les effets d’annonce pourraient bien être tempérés par ces difficultés.