« Possédé par le diable » il est jugé pour agression au couteau

par | 12 Juin 2024 | Justice

Un homme de 63 ans, atteint de psychose paranoïaque, a comparu ce mardi devant le Tribunal Judiciaire de Mamoudzou pour une agression au couteau. Le prévenu, en détention provisoire depuis plus d'un an, avait poignardé son voisin en avril 2023, persuadé que celui-ci était "possédé par le diable".


Les Faits

Le 12 avril 2023, à Dembeni, l’homme, après avoir consommé plusieurs bières, a attaqué son voisin avec un couteau, le blessant gravement à l’abdomen. La victime, qui a nié toute altercation antérieure avec l’agresseur, a subi une opération d’urgence et a conservé des douleurs importantes depuis l’incident. Le prévenu, sous l’emprise de l’alcool, croyait fermement que son voisin et sa famille le persécutaient, malgré des enquêtes prouvant le contraire selon le JDM.

L’expertise psychiatrique a révélé que l’agresseur souffrait d’une psychose paranoïaque de longue date, exacerbée par l’alcool. Cette condition altérait son discernement, le faisant percevoir son voisin comme une menace démoniaque. Malgré cela, il n’avait jamais eu de démêlés judiciaires avant cet incident.

Le tribunal a dû déterminer si l’altération du discernement justifiait une réduction de peine. Me Andjilani, l’avocat de la victime, a souligné les problèmes récurrents de l’île : alcoolisme, port d’armes et manque de prise en charge des malades psychiatriques. Il a réclamé 10 000 euros de dommages et intérêts.

Le substitut du procureur, Tarik Belamiri, a insisté sur la responsabilité pénale du prévenu, malgré son état mental, car il avait consciemment consommé de l’alcool. Il a requis 5 ans de prison ferme, une interdiction de port d’armes et d’inéligibilité pendant 5 ans.

Me Mélanie Trouvé, avocate de l’accusé, a dénoncé une approche répressive inappropriée pour un malade psychiatrique. Elle a rappelé le passé traumatique de son client et l’inefficacité de la détention pour traiter les troubles psychiques. Elle a proposé une libération sous condition avec suivi psychiatrique, assurant que la famille du prévenu prendrait en charge son rétablissement.

Après délibération, le tribunal a reconnu l’accusé coupable mais a retenu l’altération du discernement. La peine a été réduite à 3 ans de prison, dont 2 ans avec sursis probatoire et obligation de soins psychiatriques. Il doit résider chez sa sœur à Tsararano, éviter tout contact avec la victime et respecter une interdiction de port d’armes et d’inéligibilité pendant 5 ans. En cas de manquement, il retournerait en prison. Il doit également verser 5 000 euros de provision à la victime.


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