Suite à des caillassages, le lycée du nord a fermé ses portes ce jeudi 12 octobre. « Juste avant les vacances, on voit souvent des altercations entre jeunes aux abords des établissements, il y a des règlements de compte et un regain de violence pendant ces périodes-là », estime Bruno Dezile, secrétaire générale de la CGT Educ’action à Mayotte.
Dans le même temps, trois établissements ont fermé leurs portes à Boueni, Tsimkoura et Chirongui jeudi midi. En cause : « des analyses non-conformes de la qualité de l’eau à Choungui », a indiqué l’agence régionale de santé de Mayotte, ce jeudi 12 octobre, dans un communiqué. Des résultats ne garantissant plus la potabilité dans plusieurs villages du sud. Ce vendredi, ces établissements accueilleront également les élèves jusqu’à midi seulement. Le 21 septembre, la même situation s’était produite en Petite-Terre et dans les communes situées autour de Mamoudzou. Seulement quelques semaines après de premières analyses non-conformes, dans l’Ouest de l’île, à Sohoa, et au nord, à Acoua. Des alertes « inquiétantes », selon Jacques Mikulovic, le recteur de Mayotte.
La potabilité, un enjeu crucial
La potabilité devient en effet un enjeu crucial pour le territoire. Après les coupures de 48 heures, l’ARS considère que l’eau n’est pas consommable pendant 12 heures. « Lorsque le réseau n’est plus sous pression, des bactéries peuvent s’infiltrer dans les canalisations », précise Olivier Brahic, directeur général de l’ARS, qui préconise de faire bouillir l’eau. Mais, pour le Syndicat national des enseignements de second degré (Snes-FSU), même si « la distribution est continue pour les écoles, les établissements ou les services qui sont sur le « chemin de l’eau », cela n’empêche pas les défaillances et la consommation d’eau non potable par les usagers et les personnels. » Selon un compte rendu de la réunion de cellule de crise, datant du 21 septembre, « il y a un contrôle régulier de l’eau mais la SMAE joue avec la quantité de chlore. Si cette dernière est insuffisante, cela devient non conforme. L’ARS et la SMAE s’accordent maintenant sur la communication. »
« Impossible d’acheminer assez de bouteilles en plastique »
Dans tous les cas, « impossible d’acheminer assez de bouteilles en plastique pour tous les élèves. Il faudrait six containers d’eau par jour. La logistique portuaire ne permet pas ce mouvement », indique le recteur qui souhaite « s’équiper de matériel, venu de métropole, pour potabiliser l’eau. » Dans le même temps, Jacques Mikulovic envisage de mettre en place une alternance d’élèves pour désengorger les établissements, en sureffectif. « Quand il y a 600 élèves dans un collège et 1 000 dans un lycée en métropole c’est à peu près trois fois plus ici », souligne Bruno Dezile, secrétaire général de la CGT Educ’action Mayotte.
Pour le recteur, il serait toutefois « dramatique de fermer totalement les établissements. » « Ce ne sera le cas que si le chemin de l’eau ne peut plus être approvisionné. » Un scénario non envisagé pour le moment. « Cela doit tenir, espère-t-il. Mais nous ne le saurons qu’à l’épreuve des faits, mi-novembre. » De son côté, Bruno Dezile, secrétaire général de la CGT Educ’action Mayotte, craint surtout une crise sanitaire. « Beaucoup d’élèves se plaignent de douleurs au ventre. Et il y a de gros problèmes d’hygiène dans plusieurs établissements, s’agace-t-il. Quand on est plus en capacité de fournir de l’eau potable aux élèves, il faut fermer, ce n’est plus possible. »