Tout le week-end, les forces de l’ordre sont intervenus aux quatre coins de l’île pour démanteler les barrages routiers érigés par les habitants en colère. Leur mouvement de contestation, démarré lundi 22 janvier, vise à protester, en premier lieu, contre l’insécurité et l’immigration. Les manifestants demandent notamment la fin du séjour territorialisé à Mayotte, qui empêche les détenteurs d’un titre de séjour de quitter le département pour se rendre en métropole ou dans un autre territoire français.
Pour la préfecture, les barrages entraînent « un certain nombre de blocages de services publics essentiels dont celui de l’Éducation Nationale, et un net ralentissement de l’activité économique de Mayotte », mais surtout « ils mettent la population de l’île en danger. » Certains soignants ont en effet des difficultés à rejoindre le centre hospitalier de Mayotte (CHM) à Mamoudzou, qui connaît déjà de grandes difficultés de recrutement et fonctionne en sous-effectif. « L’ensemble des services sont passés en « service minimum ». Les transports en ambulance entre les sites de l’hôpital sont restreints voire annulés », souligne le préfet qui précise également que les approvisionnements en médicaments et en matériel médical sont limités à partir du port de Longoni. « Un tiers seulement des médicaments sont parvenus aux pharmacies, des équipements médicaux ne parviennent pas à destination dans les établissements de santé. »
« L’incapacité du gouvernement à saisir l’ampleur de la souffrance des Mahorais »
Ce week-end, après l’intervention des forces de l’ordre, de nouveaux barrages ont été érigés. Dimanche soir, les gendarmes sont à nouveau intervenus à Chiconi et des affrontements ont eu lieu avec les forces de l’ordre. Ce lundi matin, la plupart des axes routiers étaient à nouveau paralysés et de nouveaux barrages ont vu le jour à Mamoudzou. Les carrefours de Doujani, Cavani et Kaweni ont été bloqués.
« Depuis samedi, une opération de communication menée par le préfet de Mayotte démontre, une fois de plus, l’incapacité du gouvernement à saisir l’ampleur de la souffrance des Mahorais. En se trompant de cible, le préfet ignore les réalités vécues quotidiennement par notre population », indiquent « Les Forces vives de Mayotte », dans un communiqué diffusé dimanche 28 janvier.
« Nous ne fléchirons pas »
Selon les manifestants, « les Mahorais vivent depuis des années dans un climat de haute criminalité. » « Consulter les informations routières avant de sortir est devenu une nécessité, les sorties nocturnes sont abandonnées par crainte », précisent-ils. Ils estiment par ailleurs que « la justification du préfet, basée sur la nécessité de ravitailler les magasins et de garantir la liberté est contestable. Notre charte de conduite aux barrages est respectueuse des besoins essentiels. Aucun argument ne saurait justifier la levée des barrages tant que les réponses aux attentes légitimes de la population restent inexistantes. » « Nous ne fléchirons pas », concluent-ils.