L’évacuation des réfugiés d’Afrique des Grands Lacs du campement de Cavani, à Mamoudzou, était la principale revendication des membres du collectif des citoyens de Mayotte 2018. Depuis lundi, le groupement, qui lutte principalement contre l’immigration, est à l’initiative de plusieurs barrages routiers, aux quatre coins de l’île, pour exprimer sa colère. Le démantèlement du camp de réfugiés a démarré ce jeudi, comme confirmé par la préfecture mardi, qui précise que « le démantèlement complet du camp interviendra d’ici deux mois . » Pour autant, les manifestants maintiennent les barrages qui paralysent la circulation sur l’île. « Cela entraîne un certain nombre de blocages de services publics essentiels dont celui de l’Éducation Nationale, et un net ralentissement de l’activité économique de Mayotte », a indiqué la préfecture dans un communiqué, vendredi, demandant « la levée immédiate des barrages. »
Pour autant, samedi matin, les blocages routiers paralysaient toujours l’île. La préfecture a donc envoyé les forces de l’ordre démantelé la totalité des barrages de l’île pour rétablir la circulation.
« Un tiers seulement des médicaments sont parvenus aux pharmacies »
« Les blocages rendent la vie de nos concitoyens beaucoup plus compliquée et encore plus difficile de jour en jour. Surtout, la population de l’île va être mise en danger », estime Thierry Suquet. Certains soignants ont en effet des difficultés à rejoindre le centre hospitalier de Mayotte (CHM) à Mamoudzou, qui connaît déjà de grandes difficultés de recrutement et fonctionne en sous-effectif. « L’ensemble des services sont ainsi passés en « service minimum ». Les transports en ambulance entre les sites de l’hôpital sont restreints voire annulés », souligne le préfet qui précise également que les approvisionnements en médicaments et en matériel médical sont limités à partir du port de Longoni. « Un tiers seulement des médicaments sont parvenus aux pharmacies, des équipements médicaux ne parviennent pas à destination dans les établissements de santé », indique la préfecture.
La dialyse privée connaît aussi des difficultés importantes, les patients et personnels, n’arrivant pas à rejoindre les centres de dialyse. Les soins à domicile sont aussi impactés. Enfin, le service d’hospitalisation à domicile privée connaît de sérieuses difficultés. « Pour les transports sanitaires privés, la situation devient catastrophique. Les transporteurs sanitaires indiquent qu’ils sont fouillés, qu’ils subissent des menaces et une impossibilité de passer les barrages. La garde ambulancière est arrêtée pour l’instant », complètent les services de l’État.
« Ces blocages ont dorénavant de lourdes conséquences sur le fonctionnement de l’île »
Les barrages pénalisent également la distribution d’eau. Les agents de la Société Mahoraise des Eaux ne peuvent pas toujours rejoindre leur lieu de travail pour rétablir l’alimentation après les coupures. D’autant que la distribution de bouteilles d’eau est empêchée dans certains endroits. « Ces blocages ont dorénavant de lourdes conséquences sur le fonctionnement de l’île et impactent le bon déroulement des liaisons quotidiennes majeures, ils risquent en outre d’entraîner des difficultés d’approvisionnement. »
Les entreprises sont également impactées, tout comme les agriculteurs qui ne peuvent pas toujours approvisionner les magasins ou vendre leurs produits. « La situation est grave », estime la préfecture. « La vie sociale et la vie économique doivent reprendre. » Vendredi soir, la quasi-totalité des barrages n’avaient pas été levés. Samedi matin, les gendarmes sont notamment intervenus à Tsararano pour libérer eux-mêmes l’axe routier qui permet de rejoindre Mamoudzou.