Diabète à Mayotte : un fléau invisible qui gagne du terrain

par | 4 Oct 2024 | Santé, Social

À Mayotte, le diabète affecte un habitant sur dix, mais reste largement méconnu ou ignoré, avec des conséquences parfois dramatiques.


À l’occasion du « Tour de France des handicaps invisibles », le diabète a été mis sous les projecteurs lors de deux tables rondes organisées à Mamoudzou. Cependant, le silence qui entoure cette maladie chronique est encore bien ancré dans les habitudes mahoraises rapporte Mayotte Hebdo.

Une épidémie silencieuse sur l’île

Assani Malidi, participant à l’événement, n’a pas mâché ses mots en évoquant sa propre découverte de la maladie. « Quand j’ai appris que j’avais le diabète, je me suis dit que j’allais mourir », a-t-il avoué, brisant le tabou qui entoure cette pathologie. Sur l’île, le diabète touche environ 12 % des adultes âgés de 18 à 69 ans, soit deux fois plus que la moyenne nationale. À cela s’ajoutent 12 % supplémentaires considérés comme prédiabétiques. C’est à ce stade qu’il faudrait intervenir pour prévenir l’aggravation, mais les moyens sur place sont insuffisants.

Le poids de l’obésité et du manque de soins

Le diabète sur l’île est fortement lié à l’obésité, un autre fléau qui frappe une personne sur deux à partir de 35 ans. Cette condition favorise l’apparition du diabète, exacerbée par des facteurs génétiques. « Plus on est obèse, plus le risque de développer le diabète augmente », explique le docteur Zabi Assef, invité lors des débats. Mais la prise en charge reste défaillante : Mayotte ne compte que deux podologues pour l’ensemble de la population, alors que les diabétiques doivent les consulter annuellement pour éviter les complications graves. Le centre hospitalier de Mayotte détient d’ailleurs le triste record du nombre d’amputations liées au diabète.

Un tabou qui coûte cher

Outre le manque de ressources, le diabète souffre d’un silence familial et social qui empêche de nombreuses personnes de se faire diagnostiquer. En 2019, près de 40 % des diabétiques mahorais ignoraient leur état. Ce tabou familial complique le dépistage, certains patients ne découvrant que tardivement que d’autres membres de leur famille étaient également atteints, souvent sans en avoir jamais parlé. Abassi Nadjima Ibrahim, infirmière coordinatrice de l’association Rédiab Ylang 976, constate souvent ce phénomène lors des ateliers d’éducation thérapeutique qu’elle anime.

Sensibilisation et espoir

Pourtant, les choses évoluent. Rédiab Ylang 976, qui accompagne les patients depuis 2010, a organisé un dépistage rapide lors de l’événement, montrant une volonté croissante de sensibiliser la population. Emma Dargent, diététicienne de l’association, admet que malgré les progrès, des défis subsistent. Certains patients souhaitent améliorer leur alimentation, mais sont confrontés à des réalités économiques, comme le manque d’argent qui les pousse à sauter des repas.

À travers les ateliers d’éducation thérapeutique, les professionnels de santé encouragent de nouveaux comportements alimentaires et l’activité physique. Mais même là, des obstacles culturels persistent. « Certaines femmes ont honte d’être vues en train de faire du sport en extérieur », souligne Elisa Lamor, diététicienne au Comité régional olympique et sportif de Mayotte.


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