De nombreux troubles digestifs aux urgences : l’eau de Mayotte suspectée d’être responsable

par | 29 Août 2023 | Santé, Société

L’hôpital de Dzaoudzi, en Petite-Terre, voit une recrudescence de troubles digestifs et a identifié la présence de bactéries coliformes chez certains patients, qui auraient pu boire de l’eau infectée. 


« Depuis trois semaines, on accueille au moins une dizaine de personnes chaque jour présentant des troubles digestifs, avec des vomissements, des diarrhées et des déshydratations », indique Jonathan Cambriels, infirmier aux urgences de l’hôpital de Petite-Terre à propos des maladies dans l’eau à Mayotte. Le soignant indique que la bactérie Escherichia Coli et des bactéries coliformes ont été retrouvées dans les analyses de certains patients. « Ce sont des bactéries qui sont présentes au niveau du colon et que l’on peut retrouver dans l’eau », précise-t-il. Ce type de bactéries a également été identifié par le laboratoire EA2S Solutions analytiques, installé à Passamaïnty, qui a réalisé ses propres analyses d’eau.  

A Mayotte – qui subit une sévère crise de l’eau, dans un contexte de forte sécheresse – les coupures d’eau se multiplient. Sauf que «  la multiplication des coupures favorise la prolifération de bactéries. Alors que, lorsque la pression est constante, rien ne s’infiltre dans les tuyaux », indique un ingénieur spécialisé en gestion de l’eau, qui souhaite rester anonyme. Dans le même temps, les deux retenues collinaires de l’île – qui assurent 80 % de l’approvisionnement en eau avec les rivières – atteignent des niveaux historiquement bas. Leur contenu devient donc turbide et peut contenir des bactéries. Si l’Agence régionale de santé préconise de faire bouillir l’eau, après les coupures, pour limiter les risques, elle dément la présence de bactéries coliformes et annonce « doubler les contrôles » pour éviter toute prolifération de germes. 

 

Pas les moyens d’acheter des packs d’eau à Mayotte

A l’hôpital de Petite-Terre, les cas de déshydratation chez les adultes ne sont pas trop préoccupants mais ils le deviennent chez les nourrissons. « C’est compliqué de poser une voie veineuse sur des enfants de 1 à 2 ans. On voit que les bébés ont la peau moins souple, ils sont très fatigués », s’inquiète Jonathan Cambriels. D’autant que les familles les plus modestes n’ont pas les moyens d’acheter de l’eau minérale en bouteille, vendue en moyenne 5 € le pack de 6 bouteilles. 

 

A partir du 4 septembre, les habitants de Mayotte n’auront accès à l’eau courante qu’un jour sur trois. A Mamoudzou et dans les communes de Petite-Terre, les coupures seront quant à elles quotidiennes – entre 16 h et 8 h du matin – puis dureront 36 heures le week-end. « On s’inquiète de voir des épidémies de fièvre typhoïde et de choléra, dans un contexte où le manque d’hygiène est déjà très présent. Les problèmes cutanés et les plaies qui se sur-infectent ne sont pas rares », souligne l’infirmier. D’autant que les soignants sont toujours en sous-effectifs. 

 


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