Transportés en bus par la préfecture, ces hommes et femmes venus du Congo, de Tanzanie ou encore de Somalie tentent aujourd’hui de reconstruire un semblant de vie sur un terrain isolé, où des abris de fortune en bambou commencent à s’ériger rapporte le Journal de Mayotte.
Sur place, l’organisation se met en place tant bien que mal. Des cabanes de fortune poussent entre les arbres, le long d’un ruisseau, offrant un abri précaire à ceux qui, quelques semaines plus tôt, dormaient encore dans des salles de classe. Ange, un demandeur d’asile ougandais, s’affaire à bâtir des huttes en bambou. « J’en ai déjà construit une dizaine, ça me prend une journée à chaque fois », confie-t-il avec le sourire, fier d’apporter son aide aux nouveaux arrivants.
Si la préfecture a permis leur installation sur ce terrain, le campement improvisé reste fragile et les conditions de vie y sont rudimentaires. L’eau et la nourriture sont apportées sporadiquement par des associations et des bénévoles, mais les besoins restent nombreux. L’absence de sanitaires et l’isolement géographique compliquent le quotidien, en particulier pour les femmes qui ont récemment rejoint le site.
En plus des conditions difficiles, les tensions avec certains jeunes des environs se multiplient. Plusieurs exilés témoignent d’agressions : « Ils ne veulent pas qu’on soit là, ils viennent avec des machettes. On se défend avec ce qu’on trouve », explique Gabriel, un Congolais. Un jeune homme s’est blessé en tentant de fuir une attaque, un autre s’est fait voler son téléphone. Goss, assistant d’éducation au collège de Kwalé, tente de calmer les esprits : « Ces gens n’ont pas choisi d’être ici. J’essaie d’expliquer aux jeunes qu’ils doivent les laisser tranquilles. »
Malgré l’adversité, la vie s’organise. Les exilés s’entraident, partagent leurs repas et respectent le ramadan. Chaque soir, certains se rendent à la mosquée du village voisin avant de revenir partager un repas frugal. « On va faire du riz avec une sauce tomate. On va essayer de partager ce qu’on a », explique Gabriel, résigné.
Alors que leur situation demeure incertaine, les exilés de Tsoundzou II tentent de retrouver un semblant de normalité, malgré l’isolement, la précarité et l’hostilité de certains riverains. Pour eux, ce camp en pleine nature est aujourd’hui leur dernier refuge après des semaines d’errance.