Des barrages routiers paralysent en partie l’île 

par | 22 Jan 2024 | A la Une, Economie, Société

Aux quatre coins de l’île, des membres du collectif des citoyens Mayotte 2018, rejoints par des habitants, ont dressé des barrages pour empêcher la circulation. Certains établissements scolaires ont été contraints de fermer leurs portes. 


Des embouteillages sur des kilomètres. Au milieu de la route, des pneus entassés, des branchages et des bennes à ordures, paralysant totalement la circulation. A Chiconi, comme à Combani, Tsingoni, Mramadoudou, mais aussi à Dzoumogné ou encore à Mtsangamouji, des centaines d’automobilistes se sont heurtés à des barrages routiers. « On n’en peut plus de l’insécurité », lance Saïd*, habillé d’un drapeau aux couleurs de Mayotte, derrière une barrière de chantier au niveau du carrefour de Chiconi. Ce membre du collectif des citoyens de Mayotte 2018 –  qui lutte principalement contre l’immigration – est, avec d’autres, à l’initiative du blocage massif de l’île. A ses côtés, une cinquantaine d’adhérents mais également des habitants veillent à ce qu’aucun véhicule ne passe. « Nous voulons nous faire entendre. Cela fait des années que ça dure. 90 % des habitants de l’île ont déjà subit une agression, on vit tous dans la peur », s’emporte un habitant, souhaitant conserver l’anonymat. 

Certains établissements scolaires fermés 

Si les habitants en colère ont décidé de frapper fort, c’est aussi pour demander l’expulsion des réfugiés d’Afrique des Grands Lacs, installés dans un camp de fortune autour du stade de Cavani, à Mamoudzou. Dimanche, 300 manifestants se sont d’ailleurs réunis sur place pour demander le démantèlement du camp, déjà pourtant annoncé par Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur. « Nous étions trop peu nombreux, les Mahorais ne se mobilisent pas. C’est pour cela que nous avons décidé de bloquer l’île, pour se faire entendre », poursuit Saïd. 

Si certains automobilistes soutiennent la démarche, d’autres s’agacent. « Ça pénalise tout le monde, on ne peut même pas emmener les enfants à l’école, ni aller travailler », lâche Bruno*, bloqué depuis de longues minutes au volant de sa voiture. Certains établissements scolaires ont d’ailleurs fait le choix de fermer leurs portes. Le collège de Ouangani a, par exemple, annulé tous les cours de la journée. 

Des mairies bloquées 

« Aucune violence n’est à déplorer aux abords des barrages », rassure toutefois le commandant second de la gendarmerie de Mayotte, Olivier Casties, en milieu de matinée. « Les barrages ont été érigés dès le lever du soleil mais nous assurons le passage des services de secours et de sécurité et nous continuons à discuter avec les manifestants pour lever les blocages afin que cela provoque le moins de désagrément possible pour la population. Que tout le monde puisse aller au travail, à l’école ou chez le médecin et qu’il n’y ait personne en souffrance, bloqué dans les embouteillages », poursuit-il. 

Pour Ali*, membre du collectif des citoyens de Mayotte 2018, les barrages ne seront toutefois « levés que lorsque le camp de réfugiés sera démantelé. » « Nous serons là toute la journée et demain aussi s’il le faut », promet-il. Le collectif a par ailleurs bloqué l’accès à différents services publics et notamment à plusieurs mairies. Le portail de l’hôtel de ville de Mramadoudou à notamment été « soudé ce lundi matin », assure un agent. Le mardi 16 janvier,  l’accès à sept mairies du territoire avaient déjà été bloqués par des membres du collectif pour protester contre l’immigration. 

* Les prénoms ont été changés 


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