Crise de l’eau : le gouvernement promet des mesures d’urgence

par | 25 Juil 2023 | Politique

Alors que l’île s’enfonce un peu plus dans la crise de l’eau, avec désormais des coupures quotidiennes, le gouvernement promet une série de mesures d’urgence.


Le 4 juillet dernier, le député mahorais Mansour Kamardine, interpellait le ministre de l’intérieur et des outre-mer sur la gravité de la situation de l’eau potable à Mayotte. « Comme le prévoyait Météo France à l’automne 2022, les difficultés, désormais récurrentes, de production et de distribution de l’eau potable à Mayotte, dues notamment à l’explosion démographique, liée à l’absence de maîtrise de l’immigration clandestine, est amplifiée en 2023 par une saison des pluies déficitaire par rapport à la moyenne. Les Mahorais risquent, à très court terme, d’être privés d’eau potable la majeure partie du temps », indiquait-il alors. En effet, depuis le lundi 17 juillet, les 135 000 habitants des quatre villes les plus peuplées de Mayotte – à savoir Mamoudzou, Koungou, Pamandzi et Dzaoudzi – subissent des coupures d’eau quotidiennes, de 16 heures jusqu’à 8 heures du matin.

 

« Le réseau fonctionne en sous capacité permanente »

Le gouvernement rappelle que « la ressource en eau à Mayotte dépend à 95 % de la pluviométrie, les 5 % restants de la production étant assurés par une usine de potabilisation de Petite-Terre. Cette année, la saison des pluies a été quasi-inexistante, générant la situation actuelle de sécheresse, inédite depuis 26 ans. » Mais en dehors de la situation de crise actuelle, une tension structurelle existe sur la ressource. « Compte tenu de l’accroissement de la population (3 % par an), de l’accroissement de la consommation en eau de la population et du besoin de modernisation des usines, le réseau fonctionne déjà en sous-capacité permanente », précise le gouvernement. Les besoins d’investissement restent donc très importants.

A court terme, des mesures préventives sur le réseau ont été mises en place. « La réserve sanitaire est mobilisée depuis le 12 juin 2023 pour une durée de 6 mois afin d’appuyer l’ARS Mayotte », souligne l’Etat. Les abonnés prioritaires, tels que les établissements médicaux ou scolaires, disposent d’un traitement spécifique avec des chemins de l’eau qui permettent de les alimenter de manière ininterrompue pendant les coupures. Pour les écoles et les établissements prioritaires qui ne peuvent pas être raccordées aux chemins de l’eau, des cuves de stockage permettent d’assurer l’approvisionnement pendant 48h en cas de coupure.

 

2 000 à 2 500 mètres cubes supplémentaires pour l’usine de dessalement

Pour établir un plan d’action permettant de déterminer des solutions d’urgence et de moyen terme, une mission de l’Inspection générale de l’environnement et du développement durable a également été conduite en avril dernier. « Elle a rendu ses préconisations et un plan de travaux d’urgence de 25 M€ est en cours de déploiement », indique le gouvernement. Parmi les actions menées : la lutte contre les fuites et les travaux urgents d’interconnexion du réseau, qui devrait permettre « d’économiser plusieurs milliers de mètres cubes par jour et de préparer l’arrivée de nouvelles capacités de production. » Ces travaux devraient être finalisés à l’automne 2023. La réparation et l’installation de rampes, tout comme la commande de cuves supplémentaires, sont également au programme. De nouveaux forages et une mise à niveau de l’usine de dessalement de Petite-Terre – qui fonctionne aujourd’hui au tiers de ses capacités – devraient, en parallèle, permettre de produire 2 000 à 2 500 mètres cubes supplémentaires chaque jour, à horizon novembre 2023, soit la consommation de près de 16 000 habitants. Dans le même temps, neuf osmoseurs, pouvant fournir 50 mètres cubes d’eau désalinisé par jour, ont été mobilisés pour une durée de deux mois et d’autres unités de désalinisation de moyenne capacité (500 et 700 m3/jour) sont en cours de commande par le syndicat de gestion d’eau et d’assainissement, avec pour objectif d’être opérationnels au dernier trimestre 2023.

 

Une nouvelle usine de dessalement en projet

A moyen terme, « les travaux prioritaires d’augmentation de la capacité de production indépendant de la pluviométrie vont être accélérés », promet le gouvernement. Des travaux qui s’articuleront autour de la modernisation des usines existantes et la construction d’un nouveau moyen de production par dessalement de grande capacité. Même si, pour le moment, « le terrain pour la construction de ce projet n’est pas identifié », a indiqué Gérald Darmanin, lors de sa visite à Mayotte, le 24 juin dernier.


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