Arrêtés fin juin, les prévenus avaient demandé un délai pour préparer leur défense. Devant le tribunal, ils ont reconnu leur participation au réseau de trafic de clandestins, tout en minimisant leur rôle. Les écoutes téléphoniques et les déclarations en garde à vue ont toutefois révélé l’ampleur du réseau, qui depuis 2020, a fait entrer des embarcations chargées d’une quinzaine de passagers en moyenne. Le chiffre d’affaires des passeurs atteindrait plusieurs centaines de milliers d’euros, voire quelques millions selon Mayotte Hebdo.
Le premier prévenu, âgé de 32 ans, semble avoir eu un rôle central dans le trafic. Ancien pêcheur, il organise la réception des kwassas (embarcations légères) sur le sol mahorais. Il s’est défendu d’être le chef du réseau, mais les écoutes indiquent le contraire. Il a écopé de la peine la plus lourde, cinq ans de prison.
Les deux autres, mécaniciens de profession et âgés respectivement de 36 et 23 ans, semblent avoir joué des rôles secondaires. Le plus âgé, surnommé « Jack Bauer », a servi de chauffeur et de guetteur, et a été condamné à dix-huit mois de rétention. Le plus jeune, habitant de Koungou et chauffeur du premier prévenu depuis février 2023, a été condamné à un an de prison.
Le tribunal a décidé de ne pas suivre le Parquet, qui demandait trois ans de prison pour les trois prévenus, et a préféré établir une hiérarchie entre eux. En plus des peines de prison, ils reçoivent chacun une interdiction de territoire français pendant trois ans.
Cette affaire met en lumière les enjeux du trafic de migrants dans la région, un fléau qui continue de poser de graves problèmes humanitaires et sécuritaires à Mayotte.