« Il n’y a eu presque aucune sortie de camions aujourd’hui. » Ce mercredi, le responsable communication de Mayotte Chanel Gateway, gestionnaire du port de Longoni, concédait que « la circulation était très perturbée. » Depuis le milieu de semaine, un nouveau barrage a été dressé entre Kangani et Longoni, entravant les départ des poids lourds, chargés de transporter les denrées alimentaires attendues par les supermarchés de l’île. « Le port est quasiment bloqué. On a beaucoup de marchandises bloquées, du frais… Il commence à y avoir des pénuries dans les magasins », alertait Carla Baltus, la présidente du Medef, au micro de France Inter ce mercredi 7 février.
« Si le poumon économique de l’île est menacé, les autorités devraient finir par réagir »
Car au-delà de ce nouveau barrage, ceux dressés aux quatre coins de l’île depuis le 22 janvier, pour protester contre l’insécurité et l’immigration, entravent aussi la circulation des poids lourds. « Trois camions de frais, bloqués par le barrage de Bandrélé, attendent de pouvoir passer vers le sud », assurait une habitante de Mamoudzou, sur les réseaux sociaux, ce vendredi matin. Abdou Badirou, porte-parole du collectif des forces vives, assure de son côté que « tous les camions passent. » Mais le trafic est ralenti. Et les chauffeurs-livreurs peinent à accéder à leur lieu de travail. Résultat : dans les rayons des supermarchés, les stocks s’amenuisent.
Le durcissement du mouvement de contestation avait toutefois été annoncé par le collectif des « forces vives », à l’occasion du congrès organisé à Tsingoni, dimanche 4 février. « Nous avons estimé qu’il fallait ériger des barrages à des endroits stratégiques pour que les Mahorais soient entendus. Si le poumon économique de l’île est menacé, les autorités devraient finir par réagir. Nous bloquons des services publics et des ronds points depuis trois semaines mais nous n’avons toujours aucune réponse de l’État », s’agace Abdou Badirou, porte-parole du collectif des « forces vives. » Mayotte est en effet dépendante des importations alimentaires à 65 %, selon l’Ademe.
« Beaucoup d’oeufs nous restent sur les bras »
Mais les produits locaux n’ont pas plus de facilité à arriver dans les assiettes des Mahorais. « Beaucoup d’œufs nous restent sur les bras. Nous ne pouvons pas vendre les produits aux particuliers », peste Ali Ambody, président du syndicat des éleveurs de Mayotte. Pour les agriculteurs, impossible d’acheminer les fruits et légumes à Mamoudzou non plus. « C’est un manque à gagner énorme et on ne peut pas nourrir la population. » Pour le syndicat des jeunes agriculteurs de Mayotte, il faut en effet « éviter les pertes sur le bétail comme sur les fruits et légumes, destinés, pour rappel, à l’alimentation de l’île. »