Dans le quartier Barakani à Koungou, la plupart des habitants ont détruit d’eux-mêmes leurs cases. Emportant parfois leurs planches de tôles pour aller se réfugier ailleurs. Désormais, le bidonville qui accueillait une quarantaine de familles, ressemble davantage à un terrain vague, avec çà et là des planches abandonnées sur le sol, des morceaux de bois ou encore des tissus et autres ustensiles de cuisine. Hadija*, une lycéenne installée avec ses parents et ses frères et sœurs, est, quant à elle, restée sur place. « Tout le monde est parti mais nous on ne sait pas où aller. Où est-ce-qu’on va dormir ? », désespère la jeune femme.
« Ils sont neuf, on leur a proposé un logement de 50 m2 »
Une autre famille, en manque de solution, a déposé un recours au tribunal administratif dans l’espoir de suspendre l’arrêté préfectoral, publié le 12 avril dernier et prévoyant la destruction de ce quartier. Une démolition qui s’inscrit dans le cadre de l’opération Wuambushu, visant à accélérer les démolitions de bidonvilles pour lutter contre l’habitat insalubre, expulser en nombre les personnes en situation irrégulière et lutter contre la délinquance.
Selon Marjane Ghaem, avocate en droits des étrangers qui défend cette famille, « la proposition de relogement qui leur a été faite est inadaptée. Ils sont neuf et on leur a proposé un logement de 50 m² pour six mois au maximum », soulignait-elle, devant le parvis du tribunal administratif de Mamoudzou, lors de l’audience du 5 juin. Pour autant, le juge a donné raison à la préfecture, le vendredi 9 juin. Dans une ordonnance, il souligne que « les solutions de relogement proposées concernent l’ensemble des familles, ayant été pleinement informées de la consistance de la solution de relogement sans que ces derniers n’y donnent suite. » Une décision qui devrait permettre aux services de l’État d’engager rapidement la destruction du quartier, construit sur un terrain appartenant au conseil départemental.
*Le prénom a été changé