A Mayotte, deux maternités ferment leurs portes

par | 30 Juin 2023 | Santé

Le centre hospitalier de Mayotte avait déjà alerté sur le manque de soignants au début du mois de juin. Quatre semaines après, la situation est toujours critique. Faute de personnel, le seul établissement de santé de l’île doit fermer deux de ses cinq services de maternité.


« Depuis plusieurs mois, Mayotte fait face à des difficultés de recrutement de professionnels de santé, notamment au sein de ses maternités », alerte le centre hospitalier de Mayotte (CHM), dans un communiqué diffusé ce vendredi 30 juin. Une situation qui a un « impact significatif sur la capacité du CHM à assurer une prise en charge, en toute sécurité, des femmes sur le point d’accoucher et des accouchements. » En conséquence, l’hôpital est obligé de réorganiser ses services. A partir de ce lundi 3 juillet, les maternités des dispensaires de Dzoumogné, au nord de l’île, et de Mramadoudou, au sud, seront donc fermées. Celles du centre hospitalier de Mamoudzou et des dispensaires de Kahani, au centre de l’île, et de Petite terre restent ouvertes.

Seulement 6 urgentistes sur 32

Le centre hospitalier avait déjà alerté sur le manque de soignants début juin. Alors que 32 médecins urgentistes sont nécessaires à son fonctionnement, seulement six étaient en poste. Depuis le 13 juin, la permanence des soins du dispensaire de Kahani, au centre de l’île, est également fermée de 19 h à 7h. Et ce jusqu’au 16 juillet.

L’établissement de santé de Mayotte attend toujours l’arrivée de soignants supplémentaires. « La sollicitation des renforts nationaux via la réserve sanitaire se poursuit afin de venir en appui aux soignants du territoire », indique la direction du CHM. Depuis le 1er juin, le centre hospitalier est d’ailleurs passé au niveau 2 du plan blanc, dont l’objectif est de réorganiser les services pour assurer la continuité des soins. 

Le plus grand désert médical de France

Si le centre hospitalier de Mayotte peine à attirer de nouveaux soignants, c’est notamment pour des raisons d’attractivité. « Les principaux freins sont l’insécurité et l’accès au logement ou les difficultés administratives, qui complexifient leur bonne installation sur l’île », souligne l’ARS dans un rapport publié en octobre 2022. Et l’opération Wuambushu, qui vise à lutter contre l’immigration illégale, la délinquance et l’habitat insalubre, aurait freiné davantage l’arrivée de nouveaux soignants. Mayotte est d’ailleurs le plus grand désert médical français. L’île comptait 86 médecins généralistes et spécialistes pour 100 000 habitants, en 2021, contre 339 en métropole. Soit quatre fois moins. Selon l’ARS, aucun dermatologue n’est présent sur le territoire. Il n’y a pas d’ophtalmologue non plus. De son côté, le CHM ne compte aucun neurologue, endocrinologue, ou cancérologue. Et seulement un cardiologue.


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