Entre 2016 et 2024, le département affiche un taux de 4,1 infractions pour 100 000 habitants, soit quatre fois la moyenne nationale, établie à 1,1 rapporte Mayotte Hebdo.
L’étude, réalisée en collaboration avec l’Agence française anticorruption (AFA), pointe du doigt un phénomène profondément enraciné dans les rouages de la vie publique locale. Le palmarès peu glorieux de Mayotte le place aux côtés de la Corse et des autres départements d’Outre-mer, également surreprésentés dans les statistiques des atteintes à la probité.
Depuis plusieurs années, des élus mahorais ont été condamnés pour des affaires de marchés publics truqués, de favoritisme ou de prise illégale d’intérêts. Cinq d’entre eux ont perdu leur mandat. Pourtant, selon Jean-Émile de Bollivier, référent de l’association Anticor pour La Réunion et Mayotte, les sanctions ne suffisent pas à enrayer le système : « Des agents publics radiés à La Réunion retrouvent des postes à responsabilité à Mayotte, parfois à la tête de services, via des sociétés privées ou des nominations politiques. »
Loin d’un simple dysfonctionnement ponctuel, la corruption à Mayotte est perçue comme un problème systémique. L’impunité relative, le manque de contrôles efficaces et la rotation rapide des fonctionnaires contribuent à cette situation. « Les mêmes visages réapparaissent sous d’autres casquettes », observe un cadre local, désabusé.
À l’échelle nationale, 934 atteintes à la probité ont été enregistrées en 2024, en hausse de 8,2 % par rapport à l’année précédente. Mais les chiffres pourraient être bien en-dessous de la réalité : moins de 1 % des personnes confrontées à la corruption portent plainte, selon l’enquête « Vécu et ressenti en matière de sécurité » (VRS). Dans le monde professionnel, près de 200 000 adultes disent avoir été confrontés à une situation de corruption en 2022.