Neuf années d’une procédure qui semble interminable pour les parties civiles. L’homme d’affaires réunionnais Théophane Narayanin, plus connu sous le surnom de « Guito » dans l’île aux parfums, était attendu au tribunal correctionnel de Mamoudzou ce jeudi 29 février. Sous contrôle judiciaire depuis fin 2016, le « boss » du BTP à Mayotte est suspecté d’avoir commandité l’agression d’une avocate d’un cabinet reconnu le 2 septembre 2015.
Cette dernière n’était pas la robe noire directement visée, mais travaillait avec une autre avocate, Me Sylvie Sevin, qui gérait un contentieux foncier opposant « Guito » à Frédéric d’Achery. « Guito » aurait financé quatre « hommes de mains » pour ce qui a été décrit comme un véritable passage à tabac, en plein jour. « Guito » est sous contrôle judiciaire depuis sa sortie de détention en 2017.
Mais l’affaire, dans laquelle une quinzaine d’avocats sont amenés à plaider, a dû être renvoyée car Saïd Larifou, un avocat réunionnais poursuivi pour avoir un joué un rôle d’intermédiaire entre Guito et ses quatre hommes de main, n’a pas reçu la citation à comparaître. Ce dernier est actuellement au Sénégal, où il représente les intérêts d’un opposant au président, Ousmane Sonko.
Saïd Larifou est poursuivi pour subornation de témoins. Il est suspecté d’avoir manipulé les quatre hommes de mains pour qu’ils ne désignent pas Guito comme étant le commanditaire
Rendez-vous est donc donné les 1er et 2 octobre 2024 pour deux journées d’audience qui s’annoncent hautes en couleurs, sauf nouveau rebondissement.
« Ma cliente [l’avocate passée à tabac, qui exerce désormais à Millau, NDLR], ça fait plusieurs années qu’elle attend ce jugement, malheureusement, il y a souvent des absents et des renvois. Tout le monde a désormais six mois pour se présenter », conclut sobrement Me Soumetui Andjilani.
En l’attente, le tribunal maintien les contrôles judiciaires de Théophane Narayanin et Saïd Larifou. Ces derniers ont interdiction d’entrer en contact avec les victimes.