Devant les juges se tenait un homme imposant, le corps marqué de tatouages, des dreadlocks tombant en cascade jusqu’à ses épaules. La barrière de la langue se dressant entre lui et la cour, cet homme ne maîtrisait pas le français, une réalité pour ce marin du Drennec, un thonier français intercepté par les autorités de Mayotte le samedi 28 octobre rapporte La 1ère.
La découverte de la cargaison illégale à bord du navire a suscité une vague de choc. Dissimulés avec subtilité dans des contenants de produits d’entretien, les 46 kilos de drogue – majoritairement de la résine de cannabis – ne sont découverts que grâce à l’intervention des chiens anti-stupéfiants, focalisés sur un seau vert et un sac à dos appartenant à l’accusé malgache. Ces objets sont soupçonnés d’avoir été utilisés pour charger la drogue sur le thonier lors d’une escale au port de Diego Suarez à Madagascar.
Le procureur explique que le « rip-off » est une méthode fréquemment employée par les trafiquants, exploitant les navires commerciaux pour masquer leur marchandise illicite. Cette drogue, comme le navire, était destinée pour l’île Victoria aux Seychelles, un trajet habituel pour le Drennec.
La suspicion commence lorsqu’une cuisinière à bord trouve six kilos de drogue dans la poubelle peu après une inspection infructueuse par les autorités malgaches. Le comportement de l’accusé change radicalement après cette trouvaille : il passe deux nuits à dormir sur le pont, près de la cache de la drogue, bien qu’il soit le seul Malgache à bord, et également le seul à quitter le navire pour passer des nuits chez lui durant l’escale.
L’équipage, composé de 22 personnes, a tôt fait de pointer du doigt l’accusé. Leur méfiance est renforcée par son comportement anormal après la découverte de la drogue. Le capitaine, en particulier, témoigne de ses demandes inhabituelles pour des bidons divers et de son intention de ne pas le retenir à l’issue de la campagne de pêche.
Le climat à bord se tend, le capitaine décide de suspendre l’accès à internet après avoir signalé les faits aux autorités et sécurise la drogue retrouvée. La réaction de l’accusé à ces mesures alimente les soupçons, lui qui semble désireux de communiquer avec sa femme ou possibles complices, illustrant la pression subie par les « mules » dans de telles organisations criminelles.
Ce cas attire l’attention de la justice française en raison du pavillon du navire. Le dossier est transféré de Quimper à Saint-Denis de La Réunion, puis à Mayotte où le navire est détourné pour une perquisition approfondie.
Malgré les arguments de son avocat qui conteste l’absence de tests confirmant la nature des substances saisies, l’homme choisit de ne pas faire appel, acceptant sa peine.
Le parquet a émis une déclaration appuyant sur la détermination des autorités à renforcer la lutte contre le trafic de stupéfiants à Mayotte, une région stratégiquement affectée par les routes du trafic organisé. Cette affaire, loin d’être un cas isolé, jette une lumière crue sur la réalité sombre et complexe du trafic de drogues sur cet axe maritime.