En tout, 73 personnes ont été officiellement radiées des listes électorales avant les élections départementales de juin 2021. Selon l’avocat de la partie civile, Maître Tesoka, ce nombre pourrait atteindre 239, bien que le scellé contenant les autres cas ait mystérieusement été égaré par le tribunal. Maître Tesoka a souligné que près de 180 radiations douteuses avaient été recensées selon un article du JDM.
L’affaire a commencé en juin 2021 lorsque Maître Tesoka a été contacté par des électeurs mécontents. Il a alors adressé une lettre au maire de Chirongui, l’informant que 73 personnes avaient saisi la justice pour demander leur réintégration sur les listes électorales. La fraude visait à favoriser un binôme soutenu par le maire, représenté par une de ses adjointes et le député LR de Mayotte, au détriment d’un autre duo issu de l’ancienne majorité municipale. Pour cela, tous les électeurs liés à l’ancienne équipe et à l’opposition municipale devaient être écartés.
Les conseillers municipaux avaient reçu pour consigne de recenser tous les électeurs de leur quartier qu’ils ne connaissaient pas, puis de transmettre la liste au maire. Toute personne inconnue était systématiquement exclue sans recours supplémentaire. Cependant, comme l’a rappelé la présidente du tribunal, Chantal Combeau, seul le maire est habilité à procéder à des radiations conformément au code électoral, et celles-ci doivent être justifiées et notifiées aux intéressés.
Lors du procès, Andhanouni Saïd a nié toutes les accusations portées contre lui, tandis que son ancien bras droit a affirmé n’avoir fait qu’obéir aux instructions du maire. L’ancienne responsable du service état-civil a avoué avoir radié les électeurs sur ordre du maire, par crainte de perdre son emploi.
Après délibération, le tribunal a déclaré Andhanouni Said coupable et l’a condamné à 12 mois de prison ferme, avec possibilité d’aménagement de peine, ainsi qu’à cinq ans d’inéligibilité et de privation des droits civiques.