Un praticien anonyme du Centre hospitalier de Mamoudzou a accepté de parler de la situation dans les différents établissements de santé de l’île, comme le rapporte le JDM. Pour l’instant, la direction du CHM reste silencieuse et refuse de communiquer à ce sujet mais les choses se compliquent de jour en jour.
Depuis le 3 mai, un collectif d’une trentaine de femmes mahoraises bloque l’ensemble des établissements hospitaliers de l’île pour protester contre la politique menée par les Comores après l’opération Wuambushu. Elles affirment haut et fort que tant que le président Azali bloque, elles bloqueront également.
Cependant, pendant que ces femmes bloquent les établissements de santé, des personnes risquent de mourir, qu’elles soient comoriennes ou non. Le dispensaire de Jacaranda, situé en face du CHM, est fermé depuis jeudi dernier en raison du blocage. Ce bâtiment abrite la pharmacie du CHM ainsi que tous les médicaments nécessaires pour les consultations, y compris pour ceux qui ne disposent pas de sécurité sociale. Non seulement une dizaine de femmes bloquent l’entrée de l’hôpital mais elles agressent, voire violentent certaines personnes qui tentent d’entrer, notamment à la salle des admissions du CHM. Ces femmes considèrent que toutes les personnes venant au CHM ou dans les dispensaires pour se faire soigner sont comoriennes, ce qui est absolument faux.
L’accès aux soins est bloqué aux personnes vulnérables.
Personne n’est intervenu pour déloger ces femmes jusqu’à présent, même la police a apparemment reçu l’ordre de ne rien faire. Selon le praticien, bloquer tout un système de santé dans l’île avec une trentaine de femmes est inédit et totalement impossible en métropole. La police a installé des barrières pour éviter les débordements et encadrer le bureau des admissions où se trouvent les femmes contestataires. Si l’on veut avoir une chance d’être soigné, il faut arriver très tôt le matin avant elles vu qu’elles ne laissent pas entrer les patients.
La situation est d’autant plus dangereuse que jeudi et vendredi derniers, toutes les consultations ont dû être annulées à l’hôpital. Les professionnels de santé commencent à tirer la sonnette d’alarme. Ils vivent très mal cette situation où ils ne peuvent pas soigner les patients. Les examens sanguins pour les enfants et le suivi de leur traitement ne peuvent pas être effectués,en cardiologie, les médicaments nécessaires aux traitements ne peuvent plus être administrés. Il en va de même pour les personnes atteintes du VIH ou de la tuberculose. Selon le professionnel de santé, les patients sont mis en danger et le risque sanitaire ne cesse de croître chaque jour. La situation est critique.
C’est de la non-assistance à personne en danger
De plus, les récentes violences perpétrées par des bandes armées au Centre médical de référence de Dzoumogné ont conduit à la mise en place du plan blanc vendredi dernier, ce qui signifie que les personnels de santé sont constamment en état d’urgence. attaque au centre hospitalier de dzoumogne les passages aux urgences ont considérablement diminué, les services tournent au ralenti et l’activité des soins est sérieusement affectée. Les professionnels de santé redoutent le pire si la situation perdure : l’arrivée à l’hôpital de patients dans un état décompensé, au bord de la mort, sans avoir pu bénéficier de soins préalables. Selon le praticien, si cela se prolonge, une véritable catastrophe est à craindre d’ici deux à trois semaines. Il insiste sur le fait que c’est de la non-assistance à personne en danger, et de nombreux patients risquent de perdre la vie.
Tous les services et dispensaires de l’île sont impactés par ce blocage, et il est inacceptable de ne pas prendre en charge les malades. Le personnel de santé est profondément préoccupé par le sort des patients. La situation actuelle est extrêmement difficile à vivre, avec un sentiment d’abandon et d’injustice. Il est difficile d’accepter cette réalité et de la subir. La vie humaine est en jeu, et il semble que cela soit oublié.