Tout commence à l’été 2021, au détour d’un banal accident de scooter. Ce qui aurait pu se solder par un échange d’assurances a en réalité enflammé les tensions entre deux bandes ennemies : celle de Pamandzi et celle de Labattoir. Dans la nuit du 20 août, un violent règlement de comptes éclate rapporte le Journal de Mayotte. Alertés par des riverains, les gendarmes découvrent des blessés, dont deux dans un état critique, victimes de coups de machette et de projectiles en tout genre.
Mais pourquoi une telle explosion de violence ? Tout remonte à cet incident de scooter impliquant deux jeunes des deux quartiers rivaux. La collision laisse l’un d’eux avec la mâchoire fracturée. Un épisode qui, loin de calmer les esprits, ravive au contraire une querelle latente entre les bandes.
Le 20 août, la tension atteint son paroxysme. Au détour d’une rue sombre, les membres des deux bandes se retrouvent face à face. Pour l’un des accusés, l’occasion était trop belle : celui qui avait endommagé son scooter se tenait là, à portée de main. La victime, qui se rendait simplement à une soirée dans un bar local, se fait brutalement attaquer. « Je n’ai rien vu venir. J’ai senti une lame derrière mon oreille, puis un autre coup sur la tête », témoigne-t-elle à la barre, encore marquée physiquement par l’attaque.
Poursuivi par ses agresseurs, il parvient à se réfugier dans le bar voisin. « Je me suis dit que si je restais là, je mourrais », ajoute-t-il, la voix tremblante. Mais la vendetta ne s’arrête pas là : une autre victime se fait littéralement tabasser à coups de barre de fer et de pierres, avant d’être laissée pour morte, le corps couvert de plaies béantes.
Durant le procès, les prévenus ne semblent pas vraiment s’accorder sur leur version des faits. L’un des accusés reconnaît avoir porté les coups, affirmant qu’il « assume ses actes ». L’autre, en revanche, minimise sa participation, se réfugiant derrière un passé d’enfance difficile et des accusations de favoritisme policier envers les jeunes de Pamandzi.
L’expertise psychiatrique révèle des parcours de vie chaotiques. L’un des prévenus, accoutumé à l’alcool depuis ses 12 ans, consommerait une bouteille de rhum par jour. L’autre, marqué par une enfance délaissée aux Comores avant d’arriver à Mayotte, peine à trouver ses repères. « Il dit n’avoir fait que se défendre », rapporte l’expert, évoquant un environnement familial et social empreint de violence.
Alors que le procès touche à sa fin, les jurés doivent désormais rendre leur verdict. Pour des faits de tentative de meurtre et participation à une émeute armée, les deux accusés risquent de lourdes peines. L’avocate générale a requis un minimum de 5 ans d’emprisonnement pour chacun d’eux, soulignant la dangerosité de leurs actes.