En cause, une phrase choc : « Ce sont des musulmans, ils sont noirs », lancée en décrivant ce qu’il qualifiait de « submersion » migratoire sur l’île rapporte Mayotte Hebdo.
À l’origine de cette procédure, Me Khadija Aoudia, ancienne bâtonnière du barreau de Nîmes. L’avocate a saisi la Cour de justice de la République, estimant que le ministre a franchi la ligne rouge en mêlant couleur de peau, religion et déséquilibre supposé de la société mahoraise.
Pour Me Aoudia, cette plainte n’est qu’une première étape. Consciente des faibles chances de succès devant la CJR — seulement 6 jugements rendus en près de 30 ans — elle compte ensuite porter l’affaire devant la Cour européenne des droits de l’homme. Objectif : dénoncer une atteinte au droit à un procès équitable et un système qui, selon elle, empêche certains justiciables de faire valoir leur cause.
La plainte s’accompagne d’un réquisitoire plus large : l’avocate pointe une année entière de déclarations et décisions ministérielles qu’elle juge porteuses d’une vision ethno-centrée de la France. Un positionnement qui, selon elle, fait écho à « des périodes troubles de notre histoire ».
Soutenue par plusieurs confrères après avoir subi une vague de haine en ligne, Me Aoudia entend mener ce combat jusqu’au bout. Du côté du ministère de l’Intérieur, aucune réaction officielle n’a, pour l’instant, été formulée.