Sur le papier, les annonces sont nombreuses, ambitieuses, parfois vertigineuses. Sur le terrain, la population attend encore de voir ces engagements se traduire concrètement rapporte le Journal de Mayotte.
Le texte prévoit d’abord une convergence sociale progressive, avec un alignement complet des droits et prestations à l’horizon 2031. Dès janvier 2026, le Smic sera relevé à 87,5 % de celui de l’Hexagone, accompagné d’une revalorisation du RSA et de l’AAH. Autre mesure symbolique : la disparition programmée du titre de séjour « territorialisé », censée mettre fin à une exception juridique propre à Mayotte.
Mais la refondation se veut aussi matérielle. L’eau figure en tête des priorités, avec un plan de plus de 730 millions d’euros destiné à moderniser les réseaux et, à terme, à en finir avec les tours d’eau. La clé de voûte du dispositif reste l’usine de dessalement d’Ironi Bé, actuellement en construction, qui doit produire 10 000 m³ d’eau potable par jour à partir de 2027. Un horizon encore lointain pour une population confrontée à des pénuries chroniques.
L’école constitue un autre front majeur. Des centaines de salles de classe doivent sortir de terre ou être rénovées, notamment après les dégâts causés par le cyclone Chido. Plus de 400 millions d’euros sont annoncés pour le second degré, tandis que la reconstruction des écoles primaires doit devenir la priorité dès 2026. Plusieurs établissements emblématiques figurent déjà sur la liste des chantiers, mais là encore, le calendrier reste scruté avec scepticisme.
Côté santé, l’État promet un renforcement sans précédent : rénovation du CHM, installation de blocs opératoires modulaires, création d’hôpitaux de proximité et, surtout, construction d’un second hôpital à Combani pour un coût estimé à près de 450 millions d’euros. Un projet structurant, attendu depuis des années, dans un territoire où l’offre de soins demeure largement insuffisante.
À ces investissements nationaux s’ajoutent des financements européens et des prêts massifs de la Banque des Territoires, destinés à soutenir la reconstruction des infrastructures et des équipements publics. S’y greffent des aides d’urgence pour les entreprises, l’agriculture et l’emploi, censées amortir les chocs économiques successifs.
Enfin, le futur aéroport international de Bouyouni incarne la vision à long terme de l’État : ouvrir Mayotte aux vols long-courriers et repositionner le territoire dans l’océan Indien, tout en promettant une reconversion économique de Petite-Terre après le départ de l’actuelle plateforme de Pamandzi.
Au fil des annonces, un constat s’impose : jamais Mayotte n’avait fait l’objet d’un tel empilement de projets et de financements. Reste désormais la question centrale, celle que beaucoup murmurent sans détour : ces promesses survivront-elles aux lenteurs administratives, aux contraintes budgétaires et aux réalités locales ? Pour les Mahorais, la refondation ne se jugera pas à la hauteur des montants annoncés, mais à la vitesse et à la sincérité de leur mise en œuvre.



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