Emmanuel Baudin, son secrétaire général, appelle à l’affrètement d’un avion pour transférer une soixantaine de détenus vers la métropole afin d’éviter une catastrophe imminente rapporte Zinfos974.
De retour d’une visite sur le terrain, Emmanuel Baudin ne cache pas son inquiétude : «On est passé tout près du pire.» La mutinerie a laissé quatre surveillants encore en arrêt de travail, un mois après les événements. Avec 686 détenus pour une capacité théorique de 278 places, l’établissement est surchargé au point de devenir un baril de poudre. Malgré le transfert récent de 28 prisonniers vers La Réunion et l’Hexagone, la situation reste critique.
Le syndicaliste pointe du doigt l’intervention des Équipes régionales d’intervention et de sécurité (ERIS) qui, pour l’instant, ont réussi à maintenir un calme précaire. «Mais cette solution ne peut pas durer indéfiniment,» alerte-t-il.
Livrée en 2015, la prison de Majicavo, selon Baudin, est déjà mal conçue et mal entretenue. « Les trafics de drogue, de téléphones et d’armes artisanales se multiplient, » déplore-t-il. Il estime que l’établissement ne devrait accueillir que des détenus en préventive ou purgeant de courtes peines, alors qu’il abrite actuellement des condamnés à de longues peines, parfois jusqu’à 30 ans. « On ne peut pas préparer la réinsertion ici », affirme-t-il.
Face à cette situation, FO Pénitentiaire demande au ministère de la Justice d’organiser un transfert massif de détenus vers la métropole pour soulager le personnel pénitentiaire à bout de souffle. « Cela a un coût, mais c’est le prix à payer pour éviter que Majicavo ne parte en fumée », martèle Baudin.
La Réunion, longtemps utilisée comme solution de secours, est elle-même en situation critique. À la prison de Domenjod, les tensions montent, notamment au quartier des femmes où la surpopulation atteint 180 %. Des incidents récents, impliquant des détenus armés, ont aggravé la situation. « La politique du tout-incarcération ne fonctionne plus, » soutient Emmanuel Baudin, plaidant pour un recours accru aux peines alternatives.