Ce problème de personnel au CHM n’est malheureusement pas nouveau, mais il reste difficile à résoudre en raison d’un manque d’attrait pour l’île. À titre d’exemple, au sein du Smur (Structure Mobile d’Urgence et de Réanimation), il n’est prévu qu’un seul médecin urgentiste pour le mois de juin, alors que normalement cinq médecins devraient être disponibles. Il manque un médecin « choc« , deux médecins de gestion et un médecin d’accueil.
De manière inédite, cette pénurie se fait déjà ressentir dès le mois de juin, alors qu’elle était habituellement plus marquée en juillet et août pendant la période des congés, comme le souligne Christophe Blanchard, directeur adjoint du CHM selon Mayotte Hebdo.
Face à cette situation critique, la direction du CHM a été contrainte de déclencher le plan blanc en accord avec les organisations syndicales. Une note d’information a été diffusée au personnel pour annoncer la mise en place du niveau 2 du plan de gestion des tensions hospitalières et des situations sanitaires exceptionnelles. Désormais, l’admission aux urgences sera basée sur la gravité des symptômes et des blessures. Deux niveaux d’accueil et d’orientation des patients seront mis en place : tout d’abord, à l’entrée des urgences, au niveau du poste de tri et d’orientation, puis au Samu, au centre 15, en encourageant la population à contacter ce service avant de se rendre aux urgences.
La réorganisation des urgences aura des conséquences sur les autres services. L’UHCD (unité d’hospitalisation de courte durée) ainsi que les box pour adultes et pédiatrie seront temporairement fermés. Certaines consultations, à l’exception des patients chroniques, seront reportées. Le CHM envisage également de solliciter des renforts de La Réunion pour des évacuations sanitaires et pour pallier le manque de personnel médical.
La pénurie de médecins est principalement attribuable à l’insécurité chronique qui prévaut sur l’île. L’opération Wuambushu, qui vise à intensifier la lutte contre l’immigration illégale et la démolition des quartiers informels, constitue également un frein au recrutement.
Ces dernières semaines, plusieurs médecins ont renoncé à venir travailler à Mayotte en raison de ces problématiques. La situation actuelle pousse également de nombreux médecins à quitter l’île, tant les conditions sont précaires et l’insécurité présente. Même les infirmières expriment leur désarroi en démissionnant, ce qui inquiète Fatila Abdallah, membre du syndicat CFDT au CHM.