Si son image de star libre et solaire a marqué durablement l’imaginaire collectif, son rapport aux territoires ultramarins restera, lui, profondément contrasté, mêlant attachement intime, incompréhensions culturelles et polémiques judiciaires rapporte Mayotte La 1ère.
Révélée au début des années 1950, Bardot connaît une ascension fulgurante avant de quitter volontairement le cinéma en 1973, lassée d’un milieu qu’elle rejette peu à peu. Ce retrait coïncide avec un tournant décisif : son engagement total pour la cause animale. Une cause qu’elle défendra avec passion, mais aussi avec une radicalité verbale qui lui vaudra de nombreuses condamnations.
Avant ces dérapages, la jeune Brigitte Bardot entretenait pourtant un lien fort avec certains territoires d’Outre-mer. En 1966, elle choisit Tahiti pour sa lune de miel avec Gunther Sachs. La Polynésie devient alors le décor d’un bonheur affiché, immortalisé par les médias du monde entier. À l’époque, la star ne cache pas son attachement à ces paysages et à cette douceur de vivre qu’elle quitte à contrecœur.
La relation avec La Réunion, en revanche, débute sous de mauvais auspices. Écartée du tournage de La Sirène du Mississippi au profit de Catherine Deneuve, Bardot nourrit une rancœur durable. Mais ce sont surtout ses prises de position ultérieures qui feront basculer cette relation dans le conflit. À partir des années 2000, ses écrits et déclarations mêlant dénonciation de pratiques liées à l’abattage rituel, immigration et traditions culturelles conduisent à plusieurs condamnations pour incitation à la haine raciale.
Le point de rupture intervient en 2019, lorsqu’elle adresse une lettre ouverte au préfet de La Réunion. En dénonçant la maltraitance animale, elle généralise et insulte la population locale, qualifiant l’île d’« île du diable ». Les réactions sont immédiates et virulentes, tant sur le plan politique que judiciaire. Face à la pression, Brigitte Bardot finira par présenter des excuses publiques, reconnaissant avoir blessé au-delà de son intention militante. Un geste rare, mais insuffisant pour apaiser totalement les tensions.
Dans la foulée, elle poursuivra son combat en Polynésie, dénonçant cette fois le trafic illégal de viande de chiens, dans un ton plus mesuré, mais toujours accusateur. Là encore, ses propos alimentent débats et crispations, rappelant la difficulté de concilier militantisme universel et réalités culturelles locales.
Condamnée en 2021 à La Réunion pour injures raciales, moquée, critiquée, parfois rejetée, Brigitte Bardot laisse derrière elle une image profondément ambivalente dans les Outre-mer. Celle d’une femme sincèrement engagée pour les animaux, mais incapable, à plusieurs reprises, de mesurer la portée et la violence de ses mots.
Reste pourtant l’icône intemporelle, la jeune femme des années 1950, éternellement associée à une liberté insolente et à un mythe cinématographique intact. Une figure que les polémiques n’auront jamais totalement effacée, mais qui auront durablement fissuré son lien avec les territoires ultramarins.



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