Le rapport « caché » du gouvernement sur la prise en charge des mineurs de Mayotte, dévoilé partiellement par Mediapart, met en lumière les insuffisances des politiques publiques dans ce territoire d’outre-mer. Ce rapport, réalisé par huit inspecteurs généraux, met en évidence un écosystème de la désocialisation, dont le moteur est l’immigration clandestine. Les auteurs du rapport soulignent également le déficit d’investissement de l’État, qui crée une précarité croissante que le conseil départemental ne peut prendre en charge seul. Ils préconisent ainsi d’abonder le budget de l’ASE pour soulager son budget.
Le rapport, composé de 107 pages, dénonce la situation d’exclusion à grande échelle de la population mahoraise, résultant de l’absence de structuration des services de l’État dans les domaines clés de l’éducation, de la santé et de la justice. Cette situation met en difficulté le conseil départemental, qui doit gérer la prise en charge des mineurs isolés.
Le rapport émanant de six ministères a été réalisé par une mission composée de huit inspections générales, qui ont mené 300 entretiens lors de deux déplacements à Mayotte et aux Comores. La mission a découvert que les enfants étaient exclus de toutes les politiques publiques mises en place, notamment en matière d’éducation, de santé, de justice, de protection de l’enfance ou de lutte contre l’immigration clandestine.
Le rapport souligne également que la part des mineurs dans la délinquance est importante, et que la justice peine à répondre à l’ampleur des besoins de prise en charge. Les magistrats et greffiers sont souvent sans expérience professionnelle, et les services sont désorganisés, avec un déficit de travail collectif.
Le rapport préconise donc une meilleure structuration des services de l’État, ainsi qu’un partage de responsabilité entre l’État et le conseil départemental. Les auteurs recommandent notamment un accroissement de moyens humains, une augmentation du nombre de médecins et d’infirmiers scolaires, ainsi qu’un nouvel accompagnement financier de l’Etat à l’aide sociale à l’enfance du conseil départemental. Le rapport recommande également de faire de la scolarisation de tous les enfants dans le premier degré une priorité de court terme, ainsi que de renforcer la lutte contre l’immigration clandestine.
Au total, ce sont 41 propositions qui sont formulées dans le rapport, qui devrait permettre d’améliorer la prise en charge des mineurs à Mayotte. Toutefois, la mise en œuvre de ces propositions nécessitera un véritable engagement de la part des autorités compétentes, afin de remédier aux insuffisances des politiques publiques dans ce territoire d’outre-mer.