Tandis que la Défenseure des droits évoque plus de 15 000 mineurs non scolarisés, une étude de l’Université Paris-Nanterre situe le chiffre entre 5 000 et 10 000.
Le recteur de l’académie de Mayotte, Jacques Mikulovic, souligne l’ambiguïté de ces données : « On ne sait pas trop les compter ni comment on les compte » dans cet article de Sud Ouest.
L’accroissement démographique de l’île, boosté par l’immigration, met à rude épreuve le système scolaire mahorais. Le taux de naissance croissant – 10 700 nouveau-nés en 2022 – augure d’un futur encore plus chargé pour les établissements scolaires.
Tanguy Mathon-Cécillon, chercheur en démographie, souligne le décalage entre le nombre d’élèves accueillis en petite section et le nombre de naissances. Cette différence met en lumière près de 4 000 enfants dont le système a perdu la trace.
Face à ces défis, des associations comme Mlezi Maore, Les Apprentis d’Auteuil ou Le Village d’Eva tentent d’apporter des solutions. Sébastien Denjean, directeur du Village d’Eva, parle de l’accueil de 844 enfants en 2022. Leur programme éducatif, inspiré de la méthode Montessori, vise à offrir une formation de qualité à ces enfants en situation précaire.
Malheureusement, nombre d’entre eux, souvent d’origine étrangère et en situation irrégulière, rencontrent des obstacles administratifs pour s’inscrire à l’école. Les municipalités, selon Denjean, demandent parfois des justificatifs excessifs, ralentissant ainsi les inscriptions.
Le rectorat a également lancé des programmes adaptés pour répondre à ces enjeux, mais ces efforts demeurent insuffisants pour englober tous les enfants hors système.
La situation complexe à Mayotte interpelle sur les défis majeurs de l’éducation dans les territoires d’outre-mer et la nécessité d’une stratégie globale pour garantir le droit à l’éducation pour tous.