Lors de cette réunion cruciale, la présidence tournante sera officiellement transférée à l’île Maurice, mais tous les regards sont tournés vers la France.
Depuis sa création il y a 37 ans, la COI réunit cinq États insulaires : Madagascar, Maurice, les Comores, les Seychelles et la France représentée par La Réunion… mais pas Mayotte. Ce département français d’outre-mer est sciemment maintenu à l’écart, par décision de la France elle-même, afin de ménager les Comores qui revendiquent avec véhémence leur souveraineté sur Mayotte.
Pourtant, la France occupe une place prépondérante au sein de cette organisation régionale, puisqu’elle assure à elle seule 40% de son budget. Cette exclusion devient de plus en plus difficile à accepter pour les élus mahorais, qui réclament une pleine reconnaissance de leur territoire et une participation active aux décisions de la COI.
Mayotte une fois de plus « oubliée »
En début d’année, lors d’un projet de loi visant à rénover les statuts de la COI, le ministère des Affaires étrangères avait omis une fois de plus de mentionner Mayotte. Cette omission a suscité un tollé au sein de la classe politique mahoraise. La députée Estelle Youssouffa a alors pris la parole au sein de la commission des affaires étrangères pour faire annuler ce projet discriminatoire. Après un débat animé, elle a réussi à obtenir le retrait du projet par le Quai d’Orsay. Cependant, depuis cette victoire, le silence radio prévaut et aucune avancée significative n’a été constatée.
Aujourd’hui, lors du sommet d’Antananarivo, la France est représentée par la secrétaire d’État à la Francophonie, Chrysola Zacharopoulou. Toutefois, il est peu probable que la question de Mayotte soit abordée lors de cette réunion. La situation est rendue d’autant plus délicate par le contexte actuel de l’opération Wuambushu, une opération militaire d’envergure menée conjointement par les forces françaises et les forces de la COI pour lutter contre les réseaux de trafic d’armes dans la région. Cette opération, qui vise à renforcer la sécurité dans l’Océan Indien, risque de reléguer la question de Mayotte au second plan, du moins temporairement.
Malgré la frustration grandissante des Mahorais et les appels répétés des élus locaux, la COI demeure étrangement silencieuse sur la question de l’intégration de Mayotte. Le tabou persiste, mais pour combien de temps encore ? Le temps nous le dira.