Mayotte en proie à une pénurie de soignants

par | 14 Juin 2023 | Santé

Le 101e département est le plus grand désert médical de France. Et la situation sur l’île n’arrange pas les choses. L’opération Wuambushu aurait incité plusieurs soignants a décaler voire annuler leur venue. Résultat : un manque criant de médecins se fait sentir.


Alors que 32 médecins urgentistes sont nécessaires au fonctionnement du centre hospitalier de Mayotte (CHM), seulement six, en poste fixe, sont actuellement présents. « Chaque jour, nous réunissons une cellule de crise afin de réorganiser les services pour faire face à la situation »,  indiquait Jean-Mathieu Defour, directeur général du Centre Hospitalier de Mayotte (CHM), le 6 juin à l’occasion d’une conférence de presse. Une semaine après, la situation se serait peu améliorée. Ce mardi 13 juin, le CHM a informé la population, dans un communiqué, que la permanence des soins du dispensaire de Kahani, au centre de l’île, serait fermée de 19 h à 7h jusqu’au 16 juillet. « Le Centre Hospitalier de Mayotte remercie la population pour sa compréhension et son adaptabilité face à cette situation de pénurie nationale de personnels soignants », précise la direction dans son document.

5 médecins et 16 infirmiers en renfort

Depuis le 1er juin, le centre hospitalier est passé au niveau 2 du plan blanc – dont l’objectif est de réorganiser les services pour assurer la continuité des soins – en attendant des soignants, qui doivent continuer d’arriver en renfort. La semaine dernière, trois médecins urgentistes, deux médecins généralistes ainsi que 16 infirmiers devaient arriver, selon l’Agence régionale de santé de Mayotte (ARS). « Nous avons notamment fait appel à la réserve sanitaire mais il y a une très forte pénurie d’urgentistes sur tout le territoire national. Nous nous sommes également rapproché du service de santé des armées. Il y a une forte mobilisation pour nous aider à passer ce cap compliqué  », indiquait Olivier Brahic, directeur général de l’ARS, lors de la conférence de presse du 6 juin.

Si le centre hospitalier de Mayotte peine tant à attirer de nouveaux soignants, c’est d’abord pour une raison d’attractivité. « Les principaux freins sont l’insécurité et l’accès au logement ou les difficultés administratives qui complexifient leur bonne installation sur l’île », souligne l’ARS dans un rapport publié en octobre 2022. Autre enjeu pour le territoire : fidéliser les professionnels de santé. Selon l’enquête de l’ARS, plus de la moitié envisagent de rester vivre moins de trois ans sur l’île.

« Plusieurs soignants ont décidé de retarder ou d’annuler leur venue ces dernières semaines »

Et la situation se serait envenimée ces derniers mois. Les règlements de comptes entre bandes rivales et leur médiatisation, en novembre dernier, auraient freiné l’arrivée de nouveaux soignants. Quant à l’opération Wuambushu – dont l’objectif est de lutter contre l’habitat insalubre, la délinquance et l’immigration illégale – elle accentuerait encore le problème. « Plusieurs soignants ont décidé de retarder ou d’annuler leur venue ces dernières semaines », indiquait Olivier Brahic, directeur général de l’ARS, le 6 juin.

Dans ce contexte, l’hôpital a été obligé de fermer plusieurs lits, tout comme son unité d’hospitalisation de courte durée et certains dispensaires. Mais le problème n’est pas récent. En 2021, L’île comptait 86 médecins généralistes et spécialistes pour 100 000 habitants, contre 339 en métropole. Soit quatre fois moins. Selon l’ARS, aucun dermatologue n’est présent sur le territoire. Il n’y a pas d’ophtalmologue non plus. De son côté, le CHM ne compte aucun neurologue, endocrinologue, ou cancérologue. Et seulement un cardiologue.


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