Depuis décembre, plus de 50 000 tonnes de déchets ont été ramassées, un chiffre qui reflète l’ampleur du chaos laissé par Chido… mais aussi la lenteur et la difficulté du retour à la normale rapporte Mayotte Hebdo.
« On a fait avec ce qu’on avait », souffle Chanoor Cassam, directeur général du SIDEVAM 976, le syndicat en charge de la gestion des déchets sur l’île. Camions peu adaptés, broyeurs débordés, circuits logistiques saturés… et un budget à bout de souffle. Résultat : la capacité quotidienne de traitement – 450 tonnes – peine à suivre le rythme des déchets issus de la reconstruction.
Face à l’urgence, une soixantaine de « zones tampons » ont été créées un peu partout à Mayotte. Ces décharges temporaires, placées loin des habitations, permettent d’éviter que les détritus ne s’entassent dans des zones naturelles sensibles. « À Mtsapéré ou Coconi, ces sites sont encore bien visibles, et c’est tout sauf anodin », explique Cassam. Ces zones sont devenues le symbole silencieux d’un système mis à l’épreuve.
Les déchets collectés ne sont pas des ordures ménagères classiques : troncs entiers, tôles rouillées, gravats lourds… Autant de matériaux qui réclament des machines robustes que le syndicat ne possède pas toujours. Pour compenser, le SIDEVAM travaille en réseau avec les communes, l’État et la sécurité civile. Une coordination qui permet de « maintenir la cadence », même dans la difficulté.
Côté finances, la situation est tout aussi tendue. Le budget reste limité, malgré les promesses du Premier ministre lors de sa visite post-cyclone. La prochaine bouffée d’oxygène budgétaire ne devrait arriver qu’à l’automne, après le vote de la loi de finances. D’ici là, il faudra faire durer les moyens existants… ou improviser.
Chaque année, le SIDEVAM traite environ 70 000 tonnes de déchets. En juillet 2025, ce chiffre est déjà dépassé à 75 %, et l’année est loin d’être terminée.