Les chiffres publiés par le ministère de la Justice ce 1er mai donnent le vertige : plus de 6 600 détenus pour à peine 4 500 places dans les établissements pénitentiaires d’Outre-mer. Soit une densité moyenne de 145,5% rapporte Mayotte La 1ère. Mais derrière cette moyenne se cache une réalité bien plus explosive.
À Majicavo, dans le nord de Mayotte, le centre de détention atteint des taux d’occupation dignes d’un scénario catastrophe : 255% pour les prévenus et 197,6% pour les condamnés. Autrement dit, pour deux lits disponibles, cinq détenus se partagent l’espace.
Et l’île n’est pas seule à suffoquer : Ducos, Baie-Mahault, Rémire-Montjoly, Nouméa, la quasi-totalité des prisons ultramarines sont au bord de l’asphyxie. Même les micro-centres comme Wallis-et-Futuna (240%) ou Saint-Pierre-et-Miquelon (175%) peinent à maintenir un semblant de dignité.
Au total, plus de 5 000 détenus dorment à même le sol, sur des matelas de fortune. Le ministre de la Justice, Gérald Darmanin, n’y va pas par quatre chemins : « C’est mauvais pour tout le monde. Pour les détenus comme pour les surveillants ». Il promet, comme ses prédécesseurs, de construire de nouvelles prisons. Mais la colère monte, et la patience s’effrite.
En coulisses, des pistes sont discutées : modularité des centres, transfert de détenus étrangers, voire location de cellules à d’autres pays européens. Une hypothèse jugée “sans tabou” par Emmanuel Macron lui-même.
Sur le plan continental, la situation n’est guère plus glorieuse : la France est le troisième pays le plus surpeuplé d’Europe, derrière Chypre et la Roumanie. Un classement peu enviable qui pousse la Contrôleure générale des lieux de privation de liberté, Dominique Simonnot, à réclamer une régulation carcérale stricte, via une loi contraignante.