Dix jours après avoir pris le pouvoir, le colonel Michaël Randrianirina a dévoilé, ce mardi 28 octobre, la composition de son gouvernement de « refondation » — une équipe où les visages familiers de la classe politique dominent largement rapporte Mayotte La 1ère.
Ils étaient des milliers, début octobre, à battre le pavé pour réclamer la fin d’un système jugé corrompu et sclérosé. Le mouvement Gen Z Madagascar, à l’origine des manifestations ayant conduit à la chute d’Andry Rajoelina, espérait un renouveau politique. Mais le casting du nouveau gouvernement, composé de 28 ministres, laisse un goût amer : on y retrouve d’anciens proches du président déchu, des ex-hauts fonctionnaires et plusieurs figures bien connues du sérail.
Le colonel Randrianirina, désormais « président de la Refondation », a promis un gouvernement de transition limité à deux ans, avec pour priorités « la lutte contre la corruption, la relance économique et la sécurité ». Un discours séduisant, mais les sceptiques rappellent que ces promesses résonnent comme celles déjà formulées par ses prédécesseurs.
Parmi les noms marquants : Fanirisoa Ernaivo, juriste et ancienne magistrate revenue d’exil en France, hérite du ministère de la Justice. Elle promet une lutte implacable contre la corruption et la récupération des biens mal acquis.
Mais d’autres nominations font grincer des dents. Christine Razanamahasoa, ancienne présidente de l’Assemblée nationale et ex-ministre sous Rajoelina, prend les rênes des Affaires étrangères. Le général René Lylison, ex-bras droit du même Rajoelina et gouverneur de la région de Sofia, devient ministre de l’Aménagement du territoire.
Autant de choix qui laissent penser à un retour en force des élites politiques traditionnelles, bien loin du grand ménage espéré.
Conscient du scepticisme ambiant, le colonel Randrianirina a fixé un cap clair à ses ministres : deux mois pour obtenir des résultats concrets.
« Vous êtes là pour servir les Malgaches. Ne les trahissez pas comme vos prédécesseurs », a-t-il lancé depuis le palais d’Iavoloha.
Mais dans les rues d’Antananarivo, les jeunes manifestants de la Gen Z peinent à y croire. Pour beaucoup, la « refondation » annoncée ressemble surtout à une continuité habillée de neuf.
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