Lors de l’examen des deux projets de loi sur la refondation de Mayotte, les élus de gauche ont préféré s’abstenir, dénonçant un texte trop vague, trop frileux, et trop centré sur la réponse sécuritaire rapporte Mayotte La 1ère.
Alors que Mayotte traverse une crise humanitaire, sociale et institutionnelle sans précédent, le projet de loi censé poser les fondations d’un nouveau départ pour le 101e département ne convainc pas. Pour le groupe SER, le texte présenté par le Gouvernement et largement soutenu par la droite sénatoriale s’enlise dans des promesses floues, axées prioritairement sur la lutte contre l’immigration clandestine, au détriment d’un véritable plan de développement.
« À une vision d’avenir, on a préféré des incantations sécuritaires », fustigent les sénateurs SER.
Certes, quelques engagements sont annoncés dans les domaines de l’eau, la santé, l’éducation, la sécurité et les transports. Mais le manque de lisibilité budgétaire inquiète les élus. Autre sujet de crispation : la construction d’un nouvel aéroport à Bouyouni, qui pourrait entraîner de nombreuses expropriations, sans que les habitants soient véritablement consultés. Le groupe dénonce une méthode « brutale » et le mépris du débat public.
Dans les débats, le groupe SER portait plusieurs mesures concrètes, plébiscitées localement :
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La suppression des cartes de séjour territorialisées, vécues comme discriminatoires ;
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L’abandon de l’article 19 prévoyant des expropriations facilitées ;
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Une convergence des droits sociaux plus rapide et sans exclus.
Toutes ont été refusées par la majorité sénatoriale, y compris la création d’une commission d’enquête sur la gestion post-cyclonique après le passage de Chido.
Seule avancée arrachée par les sénateurs socialistes : la création d’un comité de suivi, rattaché au Premier ministre, chargé de contrôler l’application réelle des engagements pris dans le texte.
Mais pour eux, cela ne suffit pas. Mayotte, affirment-ils, n’est pas un terrain d’expérimentation sécuritaire, mais un territoire de la République qui appelle à la justice, la dignité et l’égalité.