Le « rideau de fer » annoncé à Paris prend ici la forme d’une mission sans relâche, menée par des agents souvent épuisés, parfois blessés, mais toujours mobilisés rapporte le Journal de Mayotte.
À bord du « vecteur », l’une des vedettes de l’unité nautique de la PAF, la vigilance est permanente. Les moteurs ronronnent, les radars tournent sans relâche, et chaque point lumineux suspect est scruté avec attention. Qu’il s’agisse d’un kwassa, d’un pêcheur ou d’un trafiquant, les agents s’en approchent systématiquement pour vérifier.
Depuis le passage du cyclone Chido, la mission est d’autant plus complexe. Les infrastructures ont souffert : pontons détruits, vedettes échouées, radars endommagés. Mais la surveillance n’a jamais cessé. Avec des moyens réduits, les patrouilles se poursuivent, jour et nuit, sous un soleil de plomb ou dans la houle.
La pression ne faiblit pas. En mer, chaque interception peut virer au drame : des passeurs armés de lances, des embarcations dissimulées sous de fausses immatriculations, des fuites à toute vitesse, au péril de dizaines de vies. Un jour, les agents repêchent des familles entières ; le lendemain, ce sont des passeurs prêts à tout pour éviter l’arrestation.
Mais derrière l’image de ces intercepteurs rapides se cachent aussi des hommes et des femmes. Certains n’ont plus de logement depuis Chido. D’autres s’interrogent sur leur avenir ici. Ils tiennent bon. Pour protéger les frontières. Pour sauver des vies.
« On nous critique, mais on fait le maximum », souffle Ben, le chef de l’unité. « Cette mission, elle est rude, mais elle est unique. »
Dans les coffres des vedettes, les gilets pare-balles côtoient les brassières de sauvetage. Car chaque sortie peut tourner à l’urgence vitale. Ici, la lutte contre l’immigration clandestine n’est pas un discours politique : c’est un quotidien sous tension, entre sécurité et humanité.