« Si on vidange les deux retenues collinaires, nous seront obligé d’allonger les coupures d’eau », a annoncé Gilles Cantal, ce lundi 4 décembre, à l’occasion d’une conférence de presse réunissant la directrice de la société mahoraise des eaux et le directeur général de l’agence régionale de santé. Au rythme actuel de prélèvement, les retenues devraient être vides « autour du 11 décembre », indique Gilles Cantal. Car leur niveau de remplissage n’est actuellement que de 4,6 % à Combani et 6,2 % à Dzoumogné, contre respectivement 55 et 38 % l’année dernière.
Ces derniers jours, plusieurs averses ont permis de stabiliser leur niveau. « Mais la saison des pluies n’a pas encore démarrée », s’inquiète le préfet de l’eau. Selon Floriane Ben Hassen, responsable de l’antenne Météo France à Mayotte, nous sommes en effet « dans une intersaison qui perdure. » Mayotte est confrontée à deux phénomènes climatiques : El Niño dans le Pacifique, qui engendre des températures anormalement élevées dans l’océan, et le Dipôle de l’océan indien, qui caractérise une différence de température entre l’Est et l’Ouest. Et ce dernier a notamment pour conséquence de retarder le début de la saison des pluies.
« Si les coupures deviennent plus importantes, les enjeux sanitaires le seront aussi »
Pour le directeur général de l’agence régionale de santé (ARS), si les coupures deviennent plus importantes, « les enjeux sanitaires le seront aussi. » « « Les stocks d’eau qui stagnent deviennent notamment de formidables gîtes larvaires. Les risques seront donc plus importants », souligne Olivier Brahic.
Seule solution envisagée par les acteurs de l’eau dans ce contexte : économiser davantage la ressource en diminuant la consommation. Même si la population consomme actuellement 27 000 m³ en moyenne par jour, alors que ses besoins sont estimés à 43 000 m³. Et alors que certaines entreprises industrielles ou acteurs du BTP font partie des plus gros consommateurs d’eau – avec en moyenne 500 m³ par jour pour le secteur de la construction – « il n’est pas envisageable de pénaliser l’économie de Mayotte », assure Gilles Cantal.
15 000 m³ perdus chaque jour
Pour autant, les travaux d’urgence, engagés ces dernières semaines, ne permettent pas d’approvisionner suffisamment le réseau. L’usine de dessalement de Petite-Terre, qui produisait jusque là 3500 m³ au maximum, alors qu’elle avait été dimensionnée pour en produire 4 700, devrait enfin atteindre cette capacité de production. « Nous sommes actuellement en phase de tests, précise Françoise Fournial, directrice de la Société Mahoraise des Eaux (SMAE). Dans deux semaines, au maximum, nous pourrons produire 1200 m³ supplémentaires par jour. » Un captage dans la rivière de Soulou a également été installé pour produire 600 m³ supplémentaire et un forage, à Coconi, devrait permettre d’alimenter le réseau de quelques centaines de mètres cubes dans les semaines à venir. Des apports qui restent toutefois faibles au regard des besoins.
En parallèle, le territoire a engagé une campagne de recherche de fuites. « 250 à 300 kilomètres, sur les 800 que compte le réseau, ont été expertisés », assure Gilles Cantal. Avec 165 réparations à la clé. Lorsque le réseau fonctionne normalement, avec une production moyenne de 39 000 m³, environ 15 000 m³ sont perdus chaque jour. « Avec les restrictions d’eau, cette quantité est plus faible », souligne Françoise Fournial, qui rappelle toutefois que les coupures « fragilisent le réseau. » Grâce à ces différents travaux, le préfet promet malgré tout un apport de « 4500 m³ supplémentaires d’ici la fin de l’année. »