Tout commence au camp militaire de Kandani, en Grande Comore. Recruté un an plus tôt dans les services de renseignement, « Akoulay », ancien policier municipal de Moroni, est perçu comme un atout pour les autorités rapporte Mayotte Hebdo. Sa connaissance des rues de la capitale et ses contacts en font un informateur de choix. Mais derrière les promesses d’un salaire plus confortable se cache un rôle bien plus dangereux.
Un jour de juillet 2022, ses supérieurs lui demandent d’empoisonner Farid Abdou Salam, frère d’un ex-militaire condamné pour tentative de coup d’État et mort en prison. Un contrat de 500 euros et un visa pour la France à la clé. Sauf que la cible n’est autre qu’un ami, un voisin, un frère de cœur. Plutôt que de céder, Youssouf jette la bouteille de poison qu’on lui confie, puis va tout révéler à la personne qu’il devait éliminer.
Dès lors, plus de retour possible. Soutenu par sa tante, il fuit en urgence les Comores, embarquant clandestinement vers Mayotte via Mohéli et Anjouan. Sur place, il apprend qu’un mandat d’arrêt a été émis contre lui pour « abus de confiance », une manière déguisée selon lui de le faire taire. Sans papiers, logé à Mamoudzou, il survit grâce à des petits boulots tout en redoutant les contrôles. Sa demande d’asile est en attente.
Il le sait : s’il est renvoyé, son destin est scellé dès la descente du bateau. Car selon lui, même à Mayotte, l’ombre des renseignements comoriens continue de planer.