Depuis la catastrophe, le Centre hospitalier de Mayotte (CHM) voit défiler une marée humaine. Plaies infectées, traumatismes et troubles digestifs sont devenus le quotidien des soignants rapporte le Journal De Mayotte. Entre le 21 et le 29 décembre 2024, 1 440 patients ont franchi les portes des urgences, soit dix fois plus que d’ordinaire. « Les plaies ouvertes et non traitées deviennent des bombes à retardement », confie un médecin du CHM.
L’hôpital de campagne ESCRIM, déployé dans l’urgence, a permis d’absorber une partie de cette vague. En l’espace de cinq jours, 1 170 patients y ont été soignés. « Les cas les plus graves sont directement transférés au CHM », précise Santé publique France. Entre amputations, chocs septiques et complications diabétiques, la liste des pathologies s’allonge.
Sur le terrain, les maraudes organisées dans des zones sinistrées comme Tsingoni révèlent une autre facette du désastre : des blessures psychologiques profondes. Sur soixante foyers visités, un sur deux présente des signes de stress ou de détresse. « C’est une double peine pour ces familles. Elles ont tout perdu et vivent dans la peur constante », explique un enquêteur.
Le bilan officiel s’élève à 39 morts et 4 260 blessés, mais Santé publique France prévient : ce chiffre est probablement bien en dessous de la réalité. Des difficultés administratives et logistiques empêchent une comptabilisation précise des décès. Des équipes sillonnent les villages pour recueillir des témoignages et identifier les disparus.
Parallèlement, la vie quotidienne des Mahorais est marquée par des pénuries d’eau et de nourriture. « Beaucoup puisent directement dans les rivières ou collectent l’eau de pluie« , note Santé publique France. Une pratique dangereuse qui ouvre la porte à des épidémies. Choléra, leptospirose, typhoïde… les maladies hydriques rôdent. « Le manque d’eau potable est une bombe sanitaire prête à exploser », prévient l’agence.
Face à cette situation critique, les autorités sont appelées à accélérer le rétablissement des réseaux d’eau et d’électricité. Mais pour les habitants, la patience s’épuise. « Boire de l’eau de la rivière est devenu normal. On sait que c’est risqué, mais que faire d’autre ? », confie une mère de famille de Combani.