Dans un communiqué, la présidence dénonce un « coup d’État militaire » et assure que le chef de l’État demeure « pleinement en fonction » bien que nul ne sache où il se trouve rapporte Mayotte La 1ère.
C’est devant les grilles du palais présidentiel d’Antananarivo que le colonel Michael Randrianirina, commandant de la Capsat, unité d’élite déjà impliquée dans le putsch de 2009, a pris la parole :
« À partir d’aujourd’hui, nous prenons le pouvoir. Le Sénat et la Haute Cour constitutionnelle sont dissous. L’Assemblée nationale peut continuer à travailler. »
Quelques heures plus tôt, 130 députés sur 163 avaient voté la destitution de Rajoelina, accusé d’avoir trahi la Constitution et de fuir ses responsabilités. Ironie de l’histoire : en 2009, c’est ce même Andry Rajoelina que les militaires avaient porté au pouvoir après un soulèvement populaire.
Le colonel Randrianirina a annoncé la suspension de la Constitution et la création d’un comité mixte armée-gendarmerie-police, qui assurera la transition avant la mise en place d’un gouvernement civil.
« Ce comité exercera les fonctions présidentielles le temps de rétablir l’ordre et de préparer un gouvernement civil », a-t-il déclaré devant les caméras de l’AFP.
L’armée avait déjà rallié le mouvement de contestation mené par la “Gen Z”, née des coupures d’eau et d’électricité, mais élargie depuis à une fronde politique et sociale nationale. Les militaires avaient refusé d’ouvrir le feu sur les manifestants avant de se joindre à eux, faisant basculer le rapport de force.
Depuis trois semaines, Madagascar vit au rythme des émeutes, des grèves et des rassemblements massifs. Selon l’ONU, 22 personnes ont été tuées et plus d’une centaine blessées depuis le début des affrontements.
Alors que la présidence parle d’un « putsch illégal », Rajoelina serait en fuite à l’étranger, officiellement pour des « visites diplomatiques auprès des pays amis de la SADC ».
Dans les rues d’Antananarivo, les slogans résonnent : “Rajoelina dehors !”
« Tout est corrompu à Madagascar, on veut un vrai changement », s’indigne Koloina, jeune manifestant de 25 ans.
Dans un pays où 80 % des 32 millions d’habitants vivent sous le seuil de pauvreté, le pouvoir militaire se présente comme le rempart contre un système à bout de souffle. Mais pour beaucoup, c’est une nouvelle page d’incertitude qui s’ouvre sur la Grande Île.