Chikungunya : les cas explosent à Mayotte, mais le vaccin IXCHIQ peine à convaincre

par | 7 Mai 2025 | Santé, Social, Société

Alors que le chikungunya gagne du terrain à Mayotte, les autorités sanitaires font face à une autre bataille : convaincre la population de se faire vacciner.


Lancée il y a deux semaines, la campagne de vaccination gratuite peine à décoller. À ce jour, seulement cinq personnes se sont rendues au Centre Hospitalier de Mayotte pour recevoir le vaccin IXCHIQ rapporte Mayotte La 1ère.

Depuis son autorisation en Europe à l’été 2024, IXCHIQ s’adresse aux adultes à risque. Mais l’enthousiasme a rapidement été douché par la survenue de trois événements indésirables graves, dont un décès à La Réunion. Résultat : les plus de 65 ans ont été exclus de la campagne.

À Mayotte, la prudence s’est transformée en méfiance. Dans les rues, les propos sont sans détour :

“S’il le faut vraiment, je le ferai… mais sinon, non. Les vaccins, ça fait peur avec tous leurs effets secondaires.”
“Moi, j’ai déjà eu le covid et la grippe, j’ai survécu. Je préfère me protéger naturellement.”
“Avec ce qu’on a vécu pendant le covid, j’ai perdu confiance.”

Beaucoup préfèrent se tourner vers des remèdes traditionnels. Fumigations de plantes, décoctions locales, traitements naturels… À Mayotte, la médecine indigène, déjà omniprésente, a connu un regain de popularité depuis la crise du Covid-19.

“Se soigner à la mahoraise, c’est mieux pour moi. Le vaccin, non merci.”

Le chikungunya, lui, ne ralentit pas. 98 cas ont été confirmés à ce jour, dont 41 autochtones. Et même si la plupart des patients se rétablissent en une semaine, les cas graves existent. Chez nos voisins réunionnais, neuf décès ont été attribués au virus depuis mars, dont celui d’un nourrisson.

Mais un espoir subsiste : lors d’un micro-trottoir réalisé mardi, plusieurs habitants se disaient prêts à se vacciner si cela permettait de protéger leurs proches.

“Si c’est pour éviter que ma grand-mère ou mes enfants tombent malades, alors oui, peut-être que je changerai d’avis.”

À Mayotte, le vaccin IXCHIQ ne souffre pas d’un manque de disponibilité, mais d’un manque de confiance. Et pour l’instant, ni les chiffres de l’épidémie, ni les appels des autorités ne suffisent à inverser la tendance.


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