Chido, un an après : Mayotte commémore, mais attend toujours la reconstruction

par | 15 Déc 2025 | Social, Société

Un an jour pour jour après le passage dévastateur du cyclone Chido, Mayotte s’est recueillie. Sous un soleil écrasant, une cérémonie d’hommage s’est tenue dimanche matin place Zakia Madi, à Mamoudzou.


Minute de silence, hymne national, dépôt de gerbe : les symboles étaient là. Mais autour du monument aux morts, l’absence de foule disait autre chose — une attente, une lassitude, parfois une colère sourde rapporte le Journal de Mayotte.

La cérémonie a salué l’élan de solidarité né dans l’urgence. Médecins, pompiers, militaires, agents publics, entrepreneurs ou agriculteurs ont reçu des distinctions pour leur engagement après la catastrophe. Des médailles du courage ont été remises à plusieurs corps constitués, du SDIS à la Légion étrangère. Les témoignages, poignants, ont ravivé les images du chaos. « Les gens étaient heureux quand on leur apportait de l’eau », a raconté un stagiaire du RSMA. Une militaire a évoqué l’impuissance face à la violence des vents, mais aussi « la force d’un peuple qui se relève toujours ».

Pourtant, ce moment de mémoire n’a pas dissipé le malaise. Un an après Chido, la reconstruction reste largement invisible pour une partie de la population. Une réalité que la ministre des Outre-mer, Naïma Moutchou, n’a pas éludée. « Mayotte souffrait déjà avant Chido », a-t-elle reconnu, évoquant un sentiment ancien d’abandon et une parole publique « affaiblie ». La ministre promet une reconstruction inscrite dans la durée, portée par la future loi de refondation de Mayotte. Mais elle prévient : tout dépendra du vote du budget national. « Les engagements doivent maintenant se traduire », a-t-elle insisté, appelant les parlementaires à leurs responsabilités.

L’après-midi, le déplacement ministériel a pris un tour plus concret. À Bandraboua, la visite de la mairie reconstruite a illustré ce qui fonctionne, tandis que les écoles, toujours fragilisées, rappellent l’ampleur des besoins. Avec plus de 4 800 élèves scolarisés, la commune reste sous pression. Le préfet a confirmé l’arrivée des premiers fonds pour lancer les travaux.

Les échanges ont rapidement glissé vers d’autres urgences structurelles. Immigration clandestine, saturation des établissements scolaires, manque de formations post-bac. La députée Estelle Youssouffa a averti : sans régulation démographique, aucune reconstruction ne suffira. « C’est le nerf de la guerre », a acquiescé la ministre.

La visite s’est poursuivie à M’Tsangamouji, sous la pluie, auprès des agriculteurs concernés par le futur projet d’aéroport. La signature d’un comité de suivi marque une première étape, destinée à encadrer les expropriations et à associer les exploitants. « Le projet se fera, mais il ne doit léser personne », a insisté le président des Jeunes Agriculteurs. Pour l’État, l’enjeu est clair : transformer une contrainte en opportunité de modernisation.


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