120 m³ de charbon de bois, produits illégalement et destinés à la revente locale, à M’tsangamouji, au nord de Mayotte, ont été détruits. Fin juillet, la direction départementale de l’alimentation de l’agriculture et de la forêt (DAAF), avec l’appui de la gendarmerie, a en effet démantelé une charbonnière illégale. Selon l’Insee, les deux tiers des entreprises mahoraises sont informelles. La DAAF mène donc des actions de surveillance sur l’ensemble du territoire, dans le cadre de la mission inter-service de l’eau et de la nature de Mayotte, notamment pour préserver l’environnement.
L’extraction de charbon participe à l’érosion des sols
Car l’extraction de charbon participe à l’érosion des sols, dans un contexte de déforestation important et d’écoulements de boue. Selon l’association Les Naturalistes, qui œuvre pour la protection de l’environnement, « chaque année 300 hectares de couvert végétal sont détruits. » Et en 2018, on estime que 20 000 tonnes de terre ont été déversées dans le lagon, soit quatre fois plus qu’il y a 40 ans. L’agriculture plus intensive – de manioc et de bananes notamment – est en partie responsable de ce phénomène, tout comme les brûlis sur culture, dont le but est de « nettoyer les sols » et d’accélérer leur fertilisation sur du court terme, tout en déracinant des arbres. Selon Jean François Desprats, responsable du projet Leselam – financé par l’Union européenne pour lutter contre l’érosion – « sur les sols brûlés, plus rien ne retient la terre, ce qui provoque d’important écoulements de boue lors des fortes pluies. »
Des conséquences sur la ressource en eau
Dans le même temps, l’extraction de charbon a des conséquences sur la ressource en eau. En chargeant en terre, et potentiellement en pesticides, les cours d’eau – du fait des pratiques agricoles – cette activité peut polluer les rivières. En parallèle, les sols érodés – appauvris et dépourvus d’arbres – ne garantissent plus une bonne infiltration de l’eau de pluie, ce qui assèche les nappes phréatiques. Le tout dans un contexte de pénurie, obligeant l’île à priver un tiers de ses habitants d’eau entre 16 h et 8 h du matin, chaque jour depuis le 17 juillet.
Source image d’illustration : Préfet de Mayotte Opération de destruction de charbonnière illégale du 03/03/2023.