Le choix de ce lieu ne doit rien au hasard : c’est ici, à Ngwezi, que la cheffe du RN avait enregistré ses meilleurs scores lors de la présidentielle de 2022, avec plus de 59 % des voix à Mayotte rapporte Mayotte La 1ère. Dans une ambiance à la fois festive et revendicative, chants traditionnels, danses en salouvas et colliers de fleurs ont accueilli les figures du parti, parmi lesquelles la députée Anchya Bamana, le député européen André Rougé et le Guadeloupéen Rody Tolassy.
Pour Anchya Bamana, la condamnation de Marine Le Pen n’éteint en rien l’espoir qu’elle incarne à Mayotte. Bien au contraire. « Les Mahorais ont adhéré à son projet, parce qu’elle a toujours défendu notre département, souvent oublié de la République. Ce que vit Marine Le Pen aujourd’hui, c’est une cabale politique », martèle-t-elle.
Dans la foule, la colère se mêle à la fidélité. Certains dénoncent une justice « instrumentalisée », d’autres y voient une tentative d’écarter une concurrente sérieuse à l’élection présidentielle de 2027. « C’est parce qu’elle fait peur qu’on cherche à la disqualifier », assure Souffiane Moutoin, président du CODIM, pour qui les accusations de détournement sont « dérisoires face aux enjeux pour la France et Mayotte ».
Safina Soula, présidente du Collectif des citoyens de Mayotte, va plus loin : « Depuis Sarkozy, c’est Marine Le Pen qui a porté Mayotte dans le débat national. Elle est l’une des rares à comprendre ce que nous vivons. »
La question des inégalités entre les territoires ultramarins et l’Hexagone revient avec insistance dans les discours. Pour les sympathisants du RN, Marine Le Pen incarne une promesse de justice sociale et de reconnaissance, là où d’autres responsables politiques n’auraient fait que des promesses creuses.
Quant à la condamnation judiciaire, elle ne semble pas entamer la ferveur militante. « Ces fonds ont payé ses assistants, où est le problème ? » questionne un manifestant. D’autres minimisent les faits ou invoquent l’idée d’un traitement à géométrie variable. « Qui n’a jamais détourné d’argent ? » lance une militante, provoquant des rires complices autour d’elle.