En quelques heures, les cases de bambous et bâches en plastique ont disparu. Autour du site, des familles entières, valises et matelas à la main, ont observé impuissantes la destruction de ce qui leur servait de refuge rapporte le Journal de Mayotte.
« On ne sait pas où aller maintenant. On va rester ensemble et voir », confie Chance, réfugiée de République Démocratique du Congo, le regard perdu dans la poussière.
Selon les associations humanitaires présentes sur place — Mlezi Maoré et ACFAV notamment —, le camp abritait 1 272 personnes réparties en 255 ménages. Or, seules 327 places d’hébergement avaient été mobilisées. Résultat : plus de 900 personnes se retrouvent à la rue, sans solution.
Le préfet François-Xavier Bieuville, venu superviser le démantèlement, parle pourtant d’une “opération réussie” : « C’est la plus grosse mise à l’abri menée depuis deux ans à Mayotte, avec plus de 400 relogements », a-t-il déclaré.
Il justifie l’évacuation par des raisons sanitaires et de sécurité : insalubrité, manque d’eau potable, latrines rudimentaires, risques d’incendie et violences récurrentes. L’opération, préparée depuis juin et appuyée par un rapport de l’ARS, s’appuie sur la loi ELAN pour légitimer la destruction d’un camp pourtant érigé sous autorisation préfectorale quelques mois plus tôt.
Mais le représentant de l’État assume aussi une sélection stricte des bénéficiaires du relogement : « Nous mettons à l’abri les personnes identifiées, recensées, et engagées dans une procédure de demande d’asile. Les autres, je ne les connais pas », tranche-t-il, évoquant la présence de « personnes opportunistes ».
Les exilés de Tsoundzou 2 venaient de partout : RDC, Burundi, Somalie, Yémen, Afghanistan… Ils avaient trouvé ici un semblant de stabilité, loin des violences et des conflits. Le camp, bien qu’insalubre, représentait pour beaucoup un havre plus sûr que la rue.
Les associations dénoncent une “mise à la rue organisée”, tandis que la préfecture évoque une impossibilité logistiqueface au nombre croissant d’arrivées. Le préfet admet lui-même que la reformation d’un nouveau camp dans les prochains jours est “tout à fait possible”.
Le terrain appartient à l’Établissement public de reconstruction et de refondation de Mayotte (EP2R), et son évacuation n’est qu’un épisode supplémentaire d’une crise humanitaire qui s’enracine.