Les enquêteurs s’intéressent aux conditions de passation de plusieurs marchés publics, déjà pointées du doigt par la Chambre régionale des comptes (CRC) en début d’année rapporte Mayotte La 1ère.
L’enquête, ouverte pour des faits présumés de favoritisme et manquements aux règles de la commande publique, fait suite à un rapport accablant de la CRC publié en février. Les magistrats y dénonçaient des pratiques récurrentes de “saucissonnage” des marchés — une technique consistant à diviser les commandes en plusieurs lots afin d’échapper aux procédures de mise en concurrence obligatoires.
Le rapport évoquait une série d’irrégularités allant d’une « mise en concurrence insuffisante à totalement inexistante », illustrant une gestion municipale peu transparente entre 2019 et 2024.
Si la plupart des faits remontent à la mandature de Mohamed Bacar, ancien maire décédé en 2023 après avoir été condamné pour favoritisme et prise illégale d’intérêt, la nouvelle équipe municipale n’échappe pas à la vigilance de la justice.
Issilamou Hamada, alors adjoint à l’économie et au tourisme, lui avait succédé à la tête de la commune. Dans sa réponse à la CRC en octobre 2024, il affirmait vouloir “supprimer les actes irréguliers” et “renforcer la sécurité juridique de la commande publique”. Des engagements qui semblent aujourd’hui mis à l’épreuve.
Ces dernières années, plusieurs maires ont été condamnés pour des irrégularités similaires. En avril 2025, l’ancien maire de Bouéni, Mouslim Abdourahaman, avait écopé de trois ans de prison pour avoir attribué des marchés sans appel d’offres.
À Tsingoni, les gardes à vue se poursuivent. Le parquet n’exclut pas de nouvelles auditions dans les prochains jours, alors que la commune tente de préserver sa crédibilité dans un climat de défiance grandissant.